Intensifications
Située au centre-ville de Porto, la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Porto (FBAUP) est une institution de référence dans l’enseignement, la recherche, la production et le partage de la culture dans les domaines de l’Art et du Design. Avec un univers d’environ un millier d’étudiants, elle offre un large éventail de cours de Licence, Master et Doctorat dans les domaines des Arts Plastiques, du Design, des Études d’Art, du Dessin et de l’Éducation Artistique, ainsi que des cours de spécialisation et de formation tout au long de la vie. La FBAUP propose un éventail de formations dans des domaines tels que la Céramique, les Textiles Construits, le Vitrail, la Mosaïque, la Lithographie, la Pierre, le Bois, la Xylogravure, la Peinture, la Sculpture, entre autres domaines liés au territoire des Arts & Crafts. La recherche se développe dans deux centres de recherche : l’Institut de Recherche en Art, Design et Société (i2ADS) et l’Institut de Recherche en Design, Média et Culture (ID+).

Azulejo A&CA
© Domingos Loureiro
La semaine d’activités Arts & Crafts, coordonnée par la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Porto, s’est déroulée du 31 janvier au 4 février 2022 entre Porto et Aveiro. Elle s’est concentrée sur l’artisanat régional portugais, avec un accent particulier sur la céramique et le verre. Elle a inclus un atelier de céramique où les participants ont peint des azulejos traditionnels et ont appris sur le patrimoine des azulejos portugais. Le programme comprenait des visites à l’usine Vista Alegre, à la XVe Biennale Internationale de Céramique Artistique d’Aveiro, au Musée du Vitrail de Porto et à la collection de l’atelier Antunes, actif entre 1906 et 2022. Sous la direction de Teresa Almeida, la production de vitraux a été démontrée.
Des archives architecturales de la Mairie de Porto, qui préservent des matériaux pour la restauration de bâtiments historiques, ont été visitées. Réalisée pendant le confinement partiel de la Covid-19, la semaine a compté avec la présence de partenaires européens et, à distance, de partenaires du Québec et de Tétouan. La semaine était destinée aux enseignants et techniciens, promouvant la discussion, l’apprentissage et l’échange de connaissances, en reliant le passé à la contemporanéité.
Un séminaire sur l’artisanat régional de Porto a eu lieu, avec des communications sur les projets « Wisdom Transfer » et la Biennale Contextile. Des expositions à la FBAUP dédiées à la gravure et à la peinture ont également été visitées.

Session de travail
© Domingos Loureiro
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1
PEINTURE SUR AZULEJO
Développement d’un atelier de peinture sur azulejo portugais. Formation théorique sur l’histoire de l’azulejo portugais, avec son influence arabe dans la matérialité, et son influence orientale dans l’utilisation de la couleur et de la figuration. Relation entre l’azulejo et les voyages maritimes portugais, ainsi que la relation entre la péninsule ibérique et la région méditerranéenne, notamment le Maroc. Formation technique sur la cuisson, l’application de pigments et les glaçures. Démonstration technique et réalisation de peinture sur azulejo.Coordination : Susana Piteira, Pedro Aguiar et Daniela Ribeiro.
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2
VITRAIL
Histoire de l’Atelier Antunes, actif entre 1906 et 2022, dans l’espace qui est devenu le Musée du Vitrail de Porto. L’atelier est resté actif pendant trois générations de maîtres verriers, ayant un fort impact et une activité significative dans la ville de Porto et dans la région nord du Portugal. Formation sur le vitrail, les matériaux, les techniques et les thématiques, ainsi que le cadre de la pratique actuelle.
Lieux : Musée du Vitrail de Porto et atelier de verre de la FBAUP.Coordination : Teresa Almeida, avec le soutien de Daniela Ribeiro
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3
CÉRAMIQUE
Brève histoire de la céramique au Portugal. Techniques, régions délimitées et thématiques. Argile noire de Bisalhães et de Vila Real, figurines d’Estremoz et de Barcelos, entre autres. Visite à la XVe Biennale de Céramique d’Aveiro, avec la présentation d’auteurs et de pratiques contemporaines utilisant la céramique. La céramique dans le contexte industriel et son potentiel économique et écosoutenable.Coordination : Susana Piteira, Francisco Laranjo, Pedro Aguiar.
Workshop en peinture sur azujelo
© Domingos Loureiro
L’école des arts visuels et médiatiques de l’UQAM fait partie intégrante de la Faculté des arts qui regroupe aussi les études en danse, design, histoire de l’art, littérature, musique et théâtre. La Faculté des arts, reconnue comme l’une des plus importantes au Canada, est située au cœur du Quartier latin de Montréal, ville qui figure parmi les meilleures villes universitaires au monde selon le classement QS Best Student Cities. La Faculté joue un rôle de premier plan dans la vie intellectuelle et culturelle de Montréal, tout en participant au rayonnement international de celle-ci.
L’École a pour mandat de renouveler et de transmettre, au sein de la société québécoise, la vitalité des savoirs émergents de la pratique de l’art et de la pensée sur l’art. Ce mandat s’incarne à tous les cycles universitaires, depuis les programmes de certificat, de baccalauréat et de maîtrise en arts visuels et médiatiques, jusqu’au programme de doctorat en Études et pratiques des arts. Le programme de doctorat (créé en 1997) a été le premier programme de doctorat au Canada. Conjuguant les savoirs et les savoir-faire, ces programmes prennent la forme d’activités de création, de recherche et d’enseignement dans des champs de pratique aussi diversifiés que les arts d’impression, l’art performance, l’art sonore, l’art vidéo, l’art dans la communauté, le dessin, l’image de synthèse, l’interactivité, la peinture, la photographie, la robotique, la sculpture, ainsi que la didactique et la psychopédagogie. Reflet des mutations du milieu de l’art, les étudiant.e.s sont invités à orienter ces pratiques suivant les problématiques matérielles, plastiques, technologiques, sociopolitiques ou identitaires qui les guident, puis à les inscrire dans divers milieux par des expositions, des stages professionnels ou d’autres formes d’intervention publique. Notre but est de permettre aux étudiant.e.s de développer une pratique autonome et une réflexion critique sur leurs réalisations. Ainsi, l’École des arts visuels et médiatiques accueille annuellement des étudiants.es dans son programme de certificat et de baccalauréat (équivalent du Lycée en Europe et du High School Diploma aux États-Unis), son programme de maîtrise en création et en éducation (Master).
L’esprit collégial et les compétences variées et complémentaires du corps professoral de l’École (artistes de différentes disciplines et approches, pédagogues, didacticien·nes, historiens·es de l’art), des chargé·es de cours et du personnel de soutien technique et de bureau contribuent au dynamisme qui caractérise l’École des arts visuels et médiatiques. Sur le plan technique, l’École dispose d’une impressionnante infrastructure et de nombreux ateliers spécialisés permettant le travail du métal, du bois, de la céramique, de la robotique, du montage vidéo et audio, des techniques d’impression de l’image et de l’objet 3D, du moulage et du façonnage : cette ressource exceptionnelle est reconnue dans tout le Canada. À des fins d’exposition et d’expérimentation, l’École met également à la disposition des étudiantes et étudiants de la maîtrise un espace de galerie interdisciplinaire, le CDEx, qui a pignon sur rue en plein centre-ville de Montréal.
Enfin, mentionnons la création de la Chaire de recherche canadienne UQAM pour le développement de pratiques innovantes en art, culture et mieux-être, dirigée par Mona Trudel, chercheure et pédagogue à L’ÉAVM. Et MÉDIANE. Chaire de recherche du Canada en arts, écotechnologies de pratique et changements climatiques, dirigée par Gisèle Trudel, artiste et professeur à l’ÉAVM.
En conclusion, une école où la recherche-création et la pédagogie témoignent d’une vision actuelle et novatrice de l’art.
Matérialité des engagements
et donner corps à la recherche en art
22-27
05/23
La conjoncture nord-américaine marquée par l’intérêt artistique grandissant pour les pratiques artisanales ou, ce que l’on nomme au Québec, les métiers d’art (le Conseil québécois des métiers d’art du Québec, CMAQ, existe depuis 30 ans), nous permet d’envisager notre apport sous deux angles. Celui de la « Matérialité des engagements » qui se développent dans les milieux des artisans professionnels, des artistes contemporains et des enseignants des arts. Celui d’une volonté de « Donner corps à la recherche en art », par une rencontre entre recherche et création dans une approche transversale et une ouverture au grand public. Ainsi envisageons-nous cette École d’été Arts and Crafts / Aujourd’hui comme une semaine d’activités exploratoires collectives entre savoir-faire et savoir-être, en dehors de toute hiérarchie et de tout espace normatif.
Ce retour à la matérialité visant l’engagement dans l’apprentissage, par la matière, par le geste et par des cohabitations multiples, nous situe dans une démarche éthique et une responsabilité endossée quant aux questions sociales et politiques actuelles. Ces expérimentations se veulent dans un esprit « d’écologie des pratiques engageantes » afin de proposer des avenues nouvelles et innovatrices dans nos enseignements et de montrer comment la pratique de l’art peut servir de lien entre le geste de création et l’engagement dans l’action.
Trois événements publics ont marqué la semaine :
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1
GRANDE CONFÉRENCE
« Matérialité des engagements » le 23 mai à la Cinémathèque québécoise en présence de l’historien de l’art Romain Mathieu, des artistes Wanda Koop et Pierre Dorion, sous la médiation de l’artiste Michèle Magema -
2
TABLE RONDE
« Donner corps à la recherche en art » le 24 mai à la Cinémathèque québécoise avec la participation des artiste Loïc Bonche, Cécile Ronc, Faye Mullen, Tucker Kapp, Yanik Potvin et du commissaire et éducateur au Centre PHI, Daniel Fiset, sous la médiation de l’historienne de l’art et commissaire d’exposition Anne-Marie Ninacs -
3
PRÉSENTATION PERFORMATIVE ET SONORE
à la Fondation Grantham (Saint-Edmond-de-Grantham, région Centre-du-Québec) le 27 mai du groupe de recherche MÉDIANE. Chaire de recherche du Canada en arts, écotechnologies de pratique et changements climatiques par Gisèle Trudel et Stéphane ClaudeLes objectifs de l’École d’été* de l’UQAM à Montréal visent à créer une semaine d’activités exploratoires :
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Hors cadre académique
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Non hiérarchiques dans le rapport entre les personnes enseignantes et étudiantes
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et, d’approche expérimentale
Nous souhaitons envisager de nouvelles pistes dans nos enseignements respectifs et vouloir travailler dans des avenues nouvelles, voire innovatrices. De plus, le thème de la « matérialité des engagements » et de ses liens avec les questions sociales et politiques actuelles est au cœur de ces espaces de travail que nous nommons « zones d’apprentissage ». À cette étape, nous suggérons des propositions de travail collectif qui sont offertes aux participants et auxquelles tous les collègues professeurs et étudiants des autres écoles d’art peuvent contribuer, mais aussi modifier, bonifier ou transformer. Déjà, les personnes enseignantes et étudiantes ont commencé à planifier des échanges avec les participants des écoles européennes.
Avec le thème de « donner corps à la recherche », une priorité sera mise sur le recrutement des personnes étudiantes des trois niveaux d’études (baccalauréat [au Canada], licence, maîtrise ou doctorat) et des collègues enseignants qui seront invités à s’engager concrètement à prendre part à l’événement. De plus, la participation aux activités pourra se faire en amont afin de se familiariser sur le plan pédagogique avec les expérimentations qui se dérouleront dans un esprit « d’écologie des pratiques engageantes ». Enfin, il est utile de rappeler que cette École d’été inédite s’inscrit en continuité avec les activités pédagogiques développées dans le cadre des ateliers et séminaires autour du thème des French Theories à Saint-Étienne (2015), Bruxelles (2016), Montréal (2018) et Sousse (2019) et des retombées qu’elles ont eues par la suite sur nos enseignements. Sans oublier les nouvelles amorces de travail de collaboration initiées par les écoles d’art de Porto (2021) et Tétouan (2022).
* Dans les universités et les écoles d’art au Canada, le terme « école d’été » est employé pour identifier les activités académiques qui se tiennent durant la session d’été, soit de la fin mai à la fin juin.
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The Academy of Fine Arts and Design (AFAD) in Bratislava is a distinguished institution that prides itself on a rich pedagogical tradition and a contemporary approach to arts education. Here’s a brief overview emphasizing its educational offerings:
Established: Founded in 1949, AFAD is one of the oldest and largest artistic educational institutions in Slovakia.
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Educational Focus: It offers a wide range of study programs with an artistic focus, including Fine Arts, Design, Architecture, Restoration, Theory and History of Art and Architecture.
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Mission: AFAD is dedicated to enhancing education in accredited study programs, fostering creative and critical thinking, supporting independent artistic and scientific research, and encouraging the creative spirit of society while adhering to humanistic values.
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Structure: The academy is not divided into faculties but directly into twelve Departments and a Division of Drawing, which allows for a flexible and interdisciplinary educational environment.
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Supplementary Pedagogy: In addition to its main programs, AFAD also provides a two-year supplementary pedagogical study program, equipping students with teaching qualifications.
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Educational Cycles: AFAD offers a three-tiered educational structure, comprising Bachelor’s, Master’s, and Doctoral programs, aligning with the Bologna Process for international compatibility.
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Student Body: The academy nurtures a vibrant student community of approximately 500-999 individuals, fostering a close-knit environment conducive to personalized learning and artistic exploration.
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Training Programs: With a broad spectrum of study programs, AFAD’s curriculum spans across Fine Arts, Design, Architecture, Restoration, Theory and History of Art, Photography and New Media, Visual Communication, Applied Arts and Textiles. Each program is designed to challenge conventional boundaries and encourage innovative thinking. The academy’s structure promotes interdisciplinary interaction.
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International Outlook: AFAD places a strong emphasis on global perspectives, engaging in international collaborations and exchange programs that enrich the student experience and broaden their artistic horizons.
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Pedagogical Excellence: The faculty at AFAD comprises esteemed artists and scholars, providing students with mentorship and guidance that is both academically rigorous and creatively stimulating.AFAD’s commitment to excellence in arts education is evident in its pedagogical offerings, which are designed to equip students with the skills, knowledge, and critical thinking necessary to thrive in the dynamic field of art and design.
Departments: The Academy of Fine Arts and Design (AFAD) in Bratislava is organized into several departments, each specializing in different areas of art and design. Here’s an overview of its departments:
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Applied Art: Includes studios for Ceramics, Glass, and Metal and Jewel.
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Architecture: Offers a comprehensive study of architecture, including a Motion Lab and various studios focused on architectural design.
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Conservation and Restoration: Dedicated to the conservation and restoration of various art forms and cultural heritage.
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Design: Covers Experimental Design, Industrial Design, Interior Design, and Transport Design.
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Digital Arts: Focuses on the intersection of art and digital technology.
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Division of Drawing: Provides foundational drawing courses for various artistic disciplines.
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Intermedia: Encourages exploration across various media and artistic disciplines.
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Painting: Offers training in various painting techniques and related media.
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Photography and New Media: Covers the technical and creative aspects of photography, along with new media art forms.
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Printmaking and Other Media: Explores traditional and contemporary printmaking techniques and media.
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Sculpture, Object, Installation: Focuses on three-dimensional art forms and spatial installations.
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Textiles: Involves the fashion and design of textile art and products.
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Theory and History of Art: Provides a scholarly approach to the study of art history and theory.
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Visual Communication: Deals with the visual aspects of communication design.
Despite being organized into distinct departments, the Academy of Fine Arts and Design (AFAD) in Bratislava places a strong emphasis on an intermedia and interdisciplinary approach to education. This philosophy is rooted in the belief that artistic creativity and innovation often arise from the intersection of various disciplines. By encouraging students to engage with multiple forms of media and to collaborate across different areas of study, AFAD fosters a rich educational environment where boundaries are blurred and new possibilities are explored. This approach not only equips students with a broad skill set but also prepares them to think and work flexibly in the ever-evolving landscape of the arts. AFAD’s commitment to interdisciplinarity is a testament to its dedication to preparing students for a future where adaptability and innovation are key to success in the arts. The Academy of Fine Arts and Design (AFAD) in Bratislava is housed in three main buildings, each fostering different aspects of the institution’s vibrant artistic community:
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Main Building: Situated at Hviezdoslavovo namestie, this building is the administrative heart of AFAD, housing the Rectorate, Academic Library, and departments such as Architecture, Painting, and Theory and History of Art.
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Drotárska cesta Building: Located on Drotárska cesta, this building is a hub for creative activity, accommodating departments like Photography and New Media, Design, and Visual Communication, among others.
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Koceľova Street Building: The Koceľova street location is dedicated to the Studio of the Department of Painting, providing a specialized space for students to develop their painting skills.
For more information or to get in touch with AFAD, you can contact them at the following details:
Phone: 02/594 285 02
Address: Hviezdoslavovo namestie 175/18, Bratislava,81101
Website: You can visit their official website for further details and inquiries.
Pedagogical Intensification
– Academy of Fine Art’s in Bratislava (AFAD’s)
“Arts and Crafts Today”
23-29
10/23
The Academy of Fine Arts and Design (AFAD) in Bratislava proudly participated in the international collaborative project “Arts and Crafts Today”, which involved six prestigious art schools from Europe and overseas. This event marked a significant moment of pedagogical intensification, where traditional methods were not only applied but actively interrogated, leading to the emergence of new ideas and the exploration of innovative paths in art and design.
Participating Institutions: France (École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne), Belgium (Royal Academy of Fine Arts in Brussels), Portugal (The Faculty of Fine Arts University of Porto), Canada (Université du Québec à Montréal), Morocco (Institute National Des Beaux Arts, Tetouane) Slovakia (hosted by Academy of Fine Arts and Design, Bratislava).
AFAD’s Intense Week Structure
Bratislava and RONA Glass Factory Lednicke Rovne.
The Academy of Fine Arts and Design in Bratislava (AFAD) has made a significant contribution to the International Arts and Crafts Today project, a global initiative aimed at fostering artistic collaboration and exchange. During an intense week of activities organized in Slovakia, partner schools were invited to participate in a series of workshops and discussions designed to enhance their understanding and practice of contemporary arts and crafts.
The week was strategically divided into two segments to cater to the diverse interests and focuses of the participants. A smaller, theory-focused group remained in Bratislava, engaging in in-depth discussions and theoretical explorations of modern art forms. This group delved into the rich history of AFAD, which has been a pivotal institution in Slovakia’s artistic education since its establishment in 19491. The discussions were aimed at unearthing the interconnections between traditional and contemporary art practices, as well as examining the role of art in today’s society.
In contrast, the larger artistic group embarked on a journey to the renowned Rona glass factory workshops. Here, participants had the unique opportunity to witness firsthand the exquisite craftsmanship that goes into glassmaking. The workshops at Rona are celebrated for their blend of traditional techniques and modern design, offering a hands-on experience in various decorative methods such as cutting, engraving, and painting. This practical immersion allowed the artists to gain valuable insights into the intricate processes of glass art, a field in which Slovakia has a storied and prestigious history.
The division of the groups allowed for a tailored approach that maximized the learning outcomes for all participants. Those with a theoretical inclination were provided with a platform to critically assess and discuss artistic concepts, while the hands-on group gained practical experience, enhancing their artistic skills and understanding of glass artistry.
AFAD Bratislava’s involvement in the International Arts and Crafts Today project not only highlights the institution’s commitment to international cooperation but also its dedication to the advancement of art education.
The week-long endeavor culminated in an exhibition, showcasing the designs and artifacts meticulously crafted by the participating artists in collaboration with the skilled blowers at the Rona glass factory. This event served as the junction where both the practitioners and theorists converged, celebrating the fruits of their labor. The exhibition was held at the Rona Gallery in Lednické Rovne, marking a fitting finale to a week of intense creativity and intellectual exchange. It was here that the tangible outcomes of the artistic collaborations were displayed, allowing the public to witness the fusion of traditional craftsmanship with contemporary artistic expression. The display not only highlighted the individual talents but also the collective synergy that can arise when diverse minds and skills unite with a common purpose.
Workshops Anotation
Why Arts and Crafts today? Before the industrial era, craft was a natural part of production, but today the practice of “craft” takes on a different meaning. We believe that it is precisely because of the contrasting relationship - craft versus industry - that the legacy of the Arts and Crafts movement is still relevant and interesting. It leads us to reflect on our own (and collective) experiences with craft, tradition, technology, form and material. In time of disposable objects, when people easily throw things away, and in time of instant digital images, there is a natural need for tangible and real things. These are the reasons why the Academy of Fine Arts and Design in Bratislava decided to situate the international meeting of artists within the Arts and Crafts Today project in the centre of the glass industry in Slovakia, where the RONA glass factory is located.
Workshops focused on the innovative application of glass patterning techniques and jewelewry sand casting. The workshops were conducted in collaboration with skilled glass blowers at the renowned Rona glassworks, allowed participants to engage in a hands-on learning experience.
Pedagogical Context: The workshop served as a dynamic educational platform, challenging participants to question conventional artistic processes and explore the boundaries of their creativity. It was a time for reflection, experimentation, and discovery, where the flames of the glass furnaces and the heat of molten metal became metaphors for the fervor of learning and the forging of new artistic visions.
Workshops : Content and Methodology
The workshop methodology was meticulously crafted to foster a deep engagement with materiality and craftsmanship. Participants were informed of the workshop topics well in advance, a crucial step that allowed for thoughtful preparation and collaboration with the Rona glass factory. Here’s an overview of the workshop themes and their pedagogical significance:
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BUBBLE:
This segment emphasized free blowing techniques without the use of molds, promoting a synergy between the artist and the glass master. It was an exploration of breath, space, and the organic spontaneity of glass, embodying concepts of freedom and the beauty of chance in creation. -
PERSONAL ORNAMENT:
Participants designed a personal ornament on a glass cup using a pantograph, blending individual artistic expression with a mechanical process, resulting in a unique fusion of personal identity and traditional glass decor. -
PLACE, TIME, TRANSFORMATION:
This theme involved capturing personal experiences with the environment through glass blowing on a mobile furnace. It was a tactile engagement with the landscape, embedding imprints and textures of found objects into the glass, narrating stories of place and time. -
WORDS, LINES, NETS:
Focused on encapsulating thoughts, emotions, and memories, this part of the workshop utilized glass shaping over a flame to record intricate patterns of letters, words, and lines, translating abstract concepts into tangible glass structures. -
JEWELRY:
The jewelry-making session updated traditional sand casting techniques for contemporary authorial jewelry design. It was a dialogue between the old and the new, where fire transformed sand molds into wearable art.
Each theme was a pedagogical journey, guiding participants through a process of experimentation, communication, and the revival of tradition, culminating in a rich intermedial and interdisciplinary experience. The participants’ responses to the diverse themes presented during the workshop were overwhelmingly positive and reflective of the flexible pedagogical environment fostered by the Academy of Fine Arts and Design (AFAD) in Bratislava. Here’s a synthesis of their reactions:
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Materiality: Participants appreciated the tactile experience of working with glass, which provided a counterpoint to contemporary art’s often dematerialized nature. The hands-on approach allowed them to direct their learning and creativity in tangible ways.
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Experimentation: The opportunity to update traditional craft practices with personal designs using the pantograph was met with enthusiasm. Participants enjoyed the challenge of applying their individual aesthetics to a mechanical process.
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Communication: The necessity of communication was highlighted through collaboration with glass masters. Participants found that sharing ideas and working together was essential to the success of their artistic endeavors.
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Revival of Tradition: The revival of the traditional glass and jewelwry technoques as well as the pantograph project resonated with the participants, who were intrigued by the possibility of breathing new life into an old device, thus connecting with the lineage of their craft.
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Intermediality/Interdisciplinarity: Those from non-glass or jewelry backgrounds found the experience enriching, as it allowed them to bring fresh perspectives to the media. The interdisciplinary nature of the workshop fostered a creative exchange that was both educational and inspiring.
Exhibition: Reflection
of
Pedagogical Intensification
As a culmination of the pedagogically intensive week, an exhibition presenting innovative works created during the workshop “Art and Craft Today” was held in Lednicke Rovne (RONA glassworks). The exhibition was realized directly in the RONA Gallery. This exhibition was thoughtfully prepared by students of the AFAD Department of Spatial Design, who considered the presentation of craft to be a crucial aspect of the artistic process.
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Approach: The Space Department students in cooperation with curator employed an approach that emphasized the narrative behind each crafted piece, allowing the audience to engage with the stories and methodologies of the artists.
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Spatial Layout: The exhibition space was arranged to facilitate a dialogue between the viewer and the works, highlighting the intricate details and the craftsmanship involved.
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Interactive Elements: Interactive elements were incorporated to provide a hands-on understanding of the materials and techniques used, bridging the gap between creator and spectator.
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Craft Exhibition Considerations: By focusing on how craft is exhibited, the students brought to the forefront the importance of presentation and context in understanding and appreciating the value of artisanal work.
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Photo documentation: The exhibition also included a presentation of proffesional photographs capturing the creative process and the unique atmosphere of an international gathering in a glass factory.
Significance of Exhibition:
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Pedagogical Showcase: The exhibition served as a tangible showcase of the pedagogical intensification that characterized the workshop, reflecting the rigorous exploration and questioning of traditional methods.
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Emergence of New Ideas: It highlighted how new ideas and paths were explored, with each piece telling a story of innovation and the reimagining of craft in a contemporary context.
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Craft Exhibition Considerations: By focusing on how craft is exhibited, the students brought to the forefront the importance of presentation and context in understanding and appreciating the value of artisanal work.
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Forum for discussion: The diverse array of works displayed in the exhibition, each a product of specialized knowledge and cultural heritage from the participating schools, sparked rich dialogues among viewers and creators alike. This exhibitoin space became a crucible for exchanging ideas, challenging preconceptions, and fostering a deeper understanding of the crafts on display. The exhibition, thus, served not only as a pedagogical outcome but also as a vibrant forum for ongoing education, critical reflection, and the cross-pollination of artistic philosophies. It underscored the project’s commitment to not just teaching art but engaging with it as a living dialogue.
Exhibition/List of Participating Artists:
Royal Academy of Fine Arts in Brussels: Cyril Bihain, Zoe Brisset, Mario Ferretti, Pedro Riofrio, Shirley Thomas
École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne: Tina Abenzoar, Marie-Aurore Sticker-Metral,Loic Bonche, Arthur Carpentier, Elen Gavillet, Yagmur Kesmes, Tetiana Papushnikova, Elen Gavillet, Yagmur Kesmes, Tetiana Papushnikova
Institute National Des Beaux Arts, Tetouane: Amine Asselman
The Faculty of Fine Arts University of Porto: Teresa Almeida, Inês Amorim, Graciela Machado, Daniela Ribeiro, Catarina Silva
Université du Québec à Montréal: Emy Gagnon-Gélinas, Alexis Lepage, Clara Painchaud, Dominic Papillon
Academy of Fine Arts and Design in Bratislava: Zuzana Kováčiková,Natalie Lehnertová
Workshops: Marcel Benčík, Patrik Illo, Kristýna Španihelová, Naďa Kančevová
Curator: Naďa Kančevová
Exhibition design: Adriana Ondrušová, Miroslava Bullová
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0
The AFAD workshop for the Arts and Crafts Project serves as a valuable case study in enriching teaching practices in art schools. Here’s a synthesis of its main points and its relevance to the pedagogical process:
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1
Material and Industry Engagement: Focus on the contrasting relationship - craft versus industry - that makes the legacy of the Arts and Crafts movement is still relevant and interesting today.The workshops emphasized hands-on experience with materials, which is crucial in an art world that often leans towards the conceptual. This tangible interaction with glass and metal grounds students in the physicality of art-making
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2
Innovative Experimentation: By updating traditional craft practices, the workshop demonstrated how experimentation can lead to new artistic forms and expressions, encouraging students to push the boundaries of their creativity
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3
Collaborative Communication: The necessity of communication, especially in collaboration with artisans like glassblowers, highlighted the importance of interpersonal skills in the creative process, fostering a community of learning and creation…
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4
Tradition and Modernity: By working alongside glass blowers at the Rona glassworks, participants engaged with age-old techniques, using them as a springboard for contemporary design and artistic expression. The revival of traditional tools and methods, such as the pantograph, showed how historical techniques could be reinterpreted in contemporary practice, bridging past and present in art education. The Pantograph project exemplified this spirit of innovation, as participants designed personal ornaments, transforming a traditional decor tool into a medium for personal storytelling and artistic identity
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5
Exploration of New Paths: The jewelry-making segment, focused on sand casting, pushed participants to not only work with fire but also to understand its role in shaping both the physical and conceptual aspects of their creations
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Interdisciplinary Approach: The inclusion of participants from various backgrounds enriched the workshop, illustrating the value of diverse perspectives in art-making and how they can lead to a more holistic educational experience
Outcomes and Impact: The workshops were a resounding success, with participants from all six institutions creating a diverse array of artistic designs. The fusion of traditional craftsmanship with personal creativity led to the production of unique works that exemplified the theme of the project. Links and networking between participating schools were also strengthened and new collaborations were established.
L’Académie royale des Beaux-Arts - École supérieure des Arts, est aujourd’hui à la jonction d’une histoire riche (elle a eu 300 ans en 2011). Elle hérite d’une tradition qui a vu se stratifier des pratiques artistiques très diversifiées, des modes d’enseignements qui se sont inventés et le présent la positionne dans le complexe panorama international des enseignements supérieurs, dans une dimension tout autant pédagogique, artistique que professionnelle.
L’ArBA-EsA assume des missions qui peuvent paraître étendues mais qui en font sa force et son originalité. Elle est un lieu d’enseignement, de recherche et un grand atelier de création et de production où se forgent des générations de créateur·ice·s. Elle entend jeter un pont vers les milieux professionnels de référence et un équipement artistique majeur déployant des activités dans la cité à destination de nombreux publics. Enseignement et recherche de haut niveau, rayonnement local et international, maillages professionnels, ouverture au monde : l’éventail est large et ouvert, et doit en permanence ménager, d’un côté, le temps du travail artistique, lent, fragile, confronté à l’inconnu parce que sans modèle préétabli et, de l’autre, la nécessaire perméabilité au monde contemporain, aux forces culturelles, professionnelles et symboliques qui traversent l’école de part en part. L’école a pour mission d’organiser la formation de futurs artistes, de professionnel·le·s des multiples métiers de l’art et de l’éducation, d’individus autonomes et responsables prêts à s’engager de manière informée et critique dans les mondes de l’art. Elle propose un programme d’enseignement en arts plastiques, visuels et de l’espace au plus haut niveau. La visée principale de ce programme est le développement singulier des pratiques artistiques et professionnelles, et leur positionnement réflexif et critique dans le domaine des arts.
L’étudiant·e, au fur et à mesure de son parcours, de son enseignement, de ses recherches, de ses expériences et expérimentations sera guidé·e en vue de développer un travail artistique, des projets de recherche et une autonomie de position. L’atelier est le point d’ancrage de l’articulation pédagogique. Il est le lieu où se construit la singularité des propositions artistiques, le lieu de stimulation, de tâtonnements et d’élaboration de la dimension collective qui force la réflexivité des pratiques et des positions par un aller et retour permanent entre pratique et théorie. L’atelier est le point structurant du cursus et ne se limite donc pas à un champ technique ou disciplinaire, au contraire, il offre un potentiel d’expérimentations et d’interactions. Chaque cursus est bel et bien ouvert vers d’autres disciplines artistiques permettant d’engager d’autres moyens plastiques, de développer de nouveaux champs de recherche ou de préciser formellement le travail artistique. Le pôle histoire-théorie-critique a une place essentielle dans le curriculum des étudiant·e·s, il apporte le bagage de références théoriques indispensable permettant de préciser et de nourrir un travail artistique ouvert, construit, critique et engagé.
L’événement Arts & Crafts, aujourd’hui, qui s’est déroulé du 18 au 23 mars 2024 à Bruxelles, revêt une dimension bien plus large qu’une simple rencontre académique. Il incarne une démarche holistique et ambitieuse, façonnée par notre engagement envers les questions de transmission au sein des Écoles supérieures des Arts, la collaboration internationale, et l’importance de rencontrer les transformations de notre époque à travers le prisme spécifique des questions des savoir-faire, de l’artisanat et des techniques. Depuis ses prémices, le projet Arts & Crafts, aujourd’hui s’est fixé pour objectif de devenir une plateforme d’échanges et de partage entre différentes écoles d’art.
L’ArBA-EsA a élaboré avec soin un programme à géométrie variable, mettant au cœur du projet la participation étudiante afin d’explorer de nouvelles voies.
Au programme : ateliers, tables de discussion, expositions, projets artistiques collectifs, conférences, animations radio, projections de films et moments conviviaux. Cette semaine s’est adressée à nos hôtes et à l’ensemble de la communauté de l’Académie, offrant ainsi l’occasion d’expérimenter l’école dans un nouveau cadre de transmission, de la décloisonner et de rencontrer la diversité des pratiques et des propositions.
« Départ : Étant donné que l’usage de l’art, c’est de capter des forces et transformer l’artiste et le corps social : l’art est une expérimentation réelle qui rends visibles des forces invisibles et bouleverse les manières de sentir et penser : L’art est l’essence même des Bifurcations Pédagogiques.
La semaine Arts & Crafts, aujourd’hui à Bruxelles active la question des Bifurcations Pédagogiques. Cette semaine est conçue comme un projet collectif construit par les étudiant·e·x·s et enseignant·e·x·s de l’ArBA-EsA, dans un esprit de transversalité et de partage. Cinq jours pour vivre un festival conçu de manière non hiérarchique : telle une racine rhizomique, cet événement se veut réserve d’énergie à l’extension horizontale. Dans la géométrie variable de propositions centrées sur les mots clés Corps, Gestes, Techniques et Usages, les pratiques artistiques et les activités mises en lumière par le festival chercheront à cultiver la correspondance active, dans la perspective d’une agentivité artistique et politique des arts. Le principe actif de la semaine à Bruxelles consiste à proposer une forme qui n’est pas définie en avance pour découvrir, dans son articulation, des opérations inattendues et de différentes natures.
Dans cette ouverture aux écoles partenaires, nous cherchons à conjoindre la théorie et la pratique, à faire entrer en résonance la pensée et l’action. L’ensemble des pratiques artistiques explorées se proposera aussi de réfléchir l’interface entre mondes humains et non humains. Arts & Crafts, aujourd’hui à Bruxelles s’affirme comme un projet chorégraphique élargi, soutenu par l’intérêt et la curiosité, par la découverte des lieux d’apprentissage et de production de l’école, des techniques utilisées dans le champs artistique et artisanal telles qu’elles sont partagées à l’ArBA-EsA. L’architecture de la semaine Arts & Crafts, aujourd’hui à Bruxelles se concentre, dans sa vision et sa construction, sur la relation entre Art et Artisanat. Soucieuse d’adopter la forme du processus, elle proposera, modules pédagogiques innovants et rencontres. »
Enzo Pezzella, Coordination & programmation artistique (ArBA-EsA). Coordinateur du projet Arts & Crafts, aujourd’hui
Le programme de la semaine s’est décliné sous quatre volets :
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1
Le premier volet, était dédié à la question des Bifurcations pédagogiques. Ce volet proposait des moments expérimentaux où les pratiques éducatives traditionnelles sont remises en question afin de permettre à de nouvelles formes de transmission de voir le jour, de se partager et de s’expérimenter. Ainsi, plusieurs méthodes d’apprentissage inédites et expérimentales ont été essayées. Ces méthodes ont été testées par les enseignant·e·s et étudiant·e·s invité·e·s
Voir ci-après les quatre bifurcations pédagogiques qui ont été activées.
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2
Le second volet, Dérive(s), était dédié au partage de pratiques artistiques et à l’échange de savoir-faire, de pratiques liées aux crafts qui traversent les pratiques de l’école. Nous avons expérimenté l’école comme un grand atelier de créations au sens large. Ces propositions étaient déhiérarchisées. À l’encontre de la pratique quotidienne, les étudiant·e·s étaient auteur·ices des projets et partageaient les savoir-faire. Trente et une propositions ont été activées
Dérive(s)|Tisser à 2, 4, 6, 8 mains…
© Clémence Detroy/Mia BrenaDérive(s)|Limon Orchestra
© Clémence DetroyDérive(s)|Batik
© Clémence DetroyDérive(s)|Fabrication de papier
© Clémence Detroy/Mia BrenaDérive(s)|Gravure
© Clémence Detroy/Mia BrenaDérive(s)|Inversion
© Clémence Detroy/Mia Brena -
3
Le troisième volet, dit Pop-up craft, mettait en avant, à travers de séances de présentations succinctes, 5 projets émergents et singuliers réalisés par de jeunes artistes reconnus pour leur habileté et leur maîtrise des crafts. Chaque présentation a mis en lumière l’expertise manuelle des artistes, soulignant l’aspect collaboratif de leurs projets. Chacun de ces projets est en lien avec un milieu professionnel, à la frontière de l’art et du craft, et présente une augmentation reconnue des savoirs et des savoir-faire. Ces opportunités d’échange entre milieux professionnels et artistiques ont permis de mettre en lumière des formes émergentes
Atla avec Louise Vanneste, Élise Peroi et Paula Almiron
Pop-up|Atla
Captation vidéo par Zoé FollisL’eau du ciel : couleurs et limites avec Cécile Barraud de Lagerie
Pop-up|L’eau du ciel:couleurs et limites
Captation vidéo par Zoé FollisMatière primaire avec Noémie Le Meur et Alexander Marinus
Pop-up|Matière primaire
Captation vidéo par Zoé FollisDodecachromie avec Mia Brena et Jules Playa-Arruego
Pop-up|Dodecachromie
Captation vidéo par Zoé FollisMaÿtu, les biomatériaux à partir de mycélium, avec Anouk Lewkowicz, Pedro Riofrio et Corentin Mullender
Pop-up|Maÿtu
Captation vidéo par Zoé Follis -
4
Enfin, quatre conférences permettant chacune d’articuler différemment ces questions dans le champ élargi de la théorie et de la pratique, ont offert un espace propice à la réflexion approfondie sur les implications contemporaines de la conjonction de l’art et de l’artisanat, temps de réflexion également dédié aux dispositifs de transmissions
Ceramic Brussels par Gilles Parmentier, co-directeur de Ceramic Brussels, directeur d’Art on Paper et de la Brussels Drawing Week
Call me by your name par Giovanna Massoni, curatrice et consultante dans le champ du design et des arts visuels
Conférence|Call me by your name
Captation vidéo par Zoé FollisConférence|Rethinking, reclaiming, remaking the body as a terrain of resistance and a common Captation vidéo par Zoé Follis
Conférence|Gestes et formes de vie. Pour une pédagogie de la relation esthétique
Captation vidéo par Zoé FollisLe mouvement Arts and Crafts, incarné par sa figure de proue, William Morris, considère l’apprentissage des savoir-faire manuels, des « crafts », comme une puissance émancipatrice. La pédagogie, l’éducation deviennent alors un vecteur d’émancipation des individus – un empowerment –, processus par lequel un individu, une communauté, une association, etc. prend le contrôle des événements qui le ou la concerne. Les « bifurcations pédagogiques » font référence à un concept issu de la théorie des systèmes complexes. Ce concept s’inspire de l’idée que les systèmes, y compris les systèmes éducatifs, peuvent connaître des moments de transformation, de changement de cap ou de divergence, appelés « bifurcations ».
Dans le contexte pédagogique, les bifurcations représentent des moments où les pratiques pédagogiques recherchent et conjuguent émancipation et engagement, où de nouvelles idées émergent et où de nouvelles voies sont explorées pour améliorer l’apprentissage et l’enseignement.
art ET architecture - The carrier bag
theory of craft
Alice Finichiu
Dans un interview donné en novembre 1976 aux Cahiers du cinéma et repris ensuite dans Pourparlers, Gilles Deleuze est invité à parler de Godard. Deleuze parle alors de la conjonction « ET » :
« L’usage du ET […], c’est essentiel […] parce que toute notre pensée est plutôt modelée sur le verbe être, EST. […] quand on fait du jugement de relation un type autonome, on s’aperçoit qu’il se glisse partout, qu’il pénètre et corrompt tout : le ET n’est même plus une conjonction ou une relation particulière, il entraîne toutes les relations, il y a autant de relations que de ET, le ET ne fait pas seulement basculer toutes les relations, il fait basculer l’être, le verbe, … […] le ET, c’est la diversité, la multiplicité, la destruction des identités. […] Le ET, ce n’est l’un ni l’autre, c’est toujours entre les deux, c’est la frontière, il y a toujours une frontière, une ligne de fuite ou de flux, seulement on ne la voit pas, parce qu’elle est le moins perceptible. Et c’est pourtant sur cette ligne de fuite que les choses se passent, les devenirs se font, les révolutions s’esquissent. »
Gilles Deleuze, Pourparlers, ed. de Minuit, 2003, p.65
C’est le travail de cette conjonction ET qui est au centre du séminaire de master, art ET architecture, proposé à l’ArBA – EsA depuis 2021 par Alice Finichiu, architecte et docteure en architecture et philosophie. Plutôt que de proposer une énième fois de réfléchir « sur », « à partir de », l’art ou l’architecture, plutôt que de chercher des « influences », des « croisements », ou des « emprunts » « entre » art et architecture, la proposition pédagogique est d’incarner la conjonction : une pédagogie indisciplinée plus qu’interdisciplinaire. Faire basculer l’être, le verbe, et s’intéresser aux relations.
Nous rendons notre monde habitable à travers la pratique de nos gestes, nos outils, nos images, nos objets et nos récits qui constituent nos espaces. Ceux-ci se définissent ainsi en tant qu’agencements modélisant profondément nos corps, nos paysages, nos comportements, nos relations. En définissant nos espaces en tant qu’écologies de relations, ce séminaire questionne la matérialité des artefacts, des récits et des pratiques qui désignent nos réalités dans le contexte socio-économique post-industriel et la crise environnementale actuelle. Or, concevoir son enseignement comme une formation à un « art de l’enquête » met fortement en question la relation pédagogique classique construite autour de la distinction sachant / non sachant. Il ne s’agit plus d’une transmission au sens d’un transfert de l’information, mais d’un accompagnement dans la découverte.
Art ET architecture se décline dans une dizaine de séances de 4h se déroulant sur un semestre. Chaque cycle du séminaire propose un sujet précis – un 3e terme à poser en conjonction avec art ET architecture : la ruine en 2020, le béton en 2021, le craft – le savoir-faire – en 2022 et 2023. Le séminaire repose fortement sur la participation active des étudiant·e·s. Il s’articule autour d’une enquête en deux temps : un temps commun et un temps individuel. Les séances de séminaire n’ont pas lieu seulement dans une salle autour d’une table, mais elles sont articulées autour de présentations, lectures, arpentages et fabrications. Une frise chronologique est le prétexte et le support qui permet de faire tenir ensemble cette multiplicité. Cette frise chronologique est aussi le support de collecte et de spatialisation des observations de relations existantes, déduites ou possibles contenues dans la conjonction art ET architecture du sujet proposé.
La frise chronologique est structurée autour de 5 vecteurs, dont 4 sont préétablis :
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1
CONTEXT HISTORIQUE
social, économique et politique : retraçant les événements qui ont eu un impact sur l’évolution de nos sociétés -
2
HISTOIRE DE L’ART
retraçant les courants, les évolutions des arts et des théories de l’art -
3
HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE
retraçant l’évolution de la pratique architecturale -
4
HISTOIRE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES (PHILOSOPHIE ; SOCIOLOGIE ; ANTHROPOLOGIE ; GÉOGRAPHIE ; LITTÉRATURE ; …)
retraçant l’évolution d’une série de questions posées par les SHSBifurcations pédagogiques|The carrier bag theory of craft
© Clémence Detroy/Mia BrenaLe 5e vecteur est celui qui retrace l’enquête, les multiples ET, et qui permet de questionner la linéarité de la chronologie de type « flèche du temps – flèche du progrès ».
Pour les années académiques 2022-2023 et 2023-2024 le 3e terme proposé en conjonction à art ET architecture, a été le craft, ce savoir-faire avec lequel art et architecture entretiennent des relations confuses. Le point de départ a été la conjonction entre la Révolution Industrielle et le mouvement « arts and crafts ». La première partie du travail, effectuée en 2022 a suivi une logique chronologique plutôt classique afin d’enquêter les relations et les héritages « arts and crafts » aujourd’hui. Dans la suite du travail – le séminaire 2023 – cette chronologie a été interrogée et redessinée pour laisser la place à des histoires d’objets : tasses, paniers, monnaies, ciseaux, paires de chaussures, … Le texte The carrier bag theory of fiction d’Ursula K Le Guin a été essentiel dans l’abandon du récit de type « flèche (mortelle) du Temps linéaire et progressive ».
Art ET architecture est une proposition pédagogique qui essaie de susciter un mode d’attention au monde, à l’environnement, à tout ce que se trouve en dehors des frontières de nos corps. À l’aide du support frise chronologique, le séminaire est une tentative de sortir des logiques infernales de la disqualification des pratiques des autres pour entrer dans une écologie des pratiques pacifiée et d’organiser, comme nous invite Isabelle Stengers, la confrontation des pratiques sur un pied de reconnaissance mutuelle, d’égalité de droits et de conjonction.
Bifurquer, du textile à l’espace :
Arpentage et cartographie de la couleur
Alice Finichiu & Cécile Barraud de Lagerie
Dans le domaine du textile, la question de la couleur est centrale et peut difficilement être contournée. Si elle implique méthodes, outils et savoir-faire spécifiques, ceux-ci peuvent également s’articuler et s’adapter à des champs et des processus artistiques différents : il s’agira donc de bifurquer du textile à l’espace par le prisme de la couleur.
Avec l’équipe SITU - Master Design Urbain, il nous a semblé particulièrement pertinent de partager cet ensemble de techniques à des futurs praticien·ne·s de l’espace urbain. Pratiquer l’urbain demande une attention particulière à l’environnement, aux relations qui se tissent entre les corps et les territoires, ainsi qu’aux ambiances. Les outils d’analyse et d’arpentage classiques ne prennent que rarement en compte les couleurs, or nos espaces et les relations qu’on y entretient sont façonnées par leur présence. Passant souvent inaperçues, les couleurs laissent une trace sur la rétine et dans la mémoire qu’on a des lieux, il faut aiguiser son regard pour y prêter une attention plus fine. SITU a invité Cécile Barraud de Lagerie, designer textile et coloriste, à partager aux étudiant·e·s une partie de ses outils et techniques sous le projet « Arpentage et cartographie de la couleur » qui a donné lieu à une bifurcation en deux temps :
Temps 1.
workshops
09/2023
Avec le groupe d’étudiant·e·s de M1 SITU, un travail d’un mois s’est construit autour de ce que peuvent apporter les outils, les méthodes de relevé et d’analyse couleurs au domaine du design urbain et comment se les approprier pour qu’ils participent plus précisément à la compréhension et l’analyse d’un site. Le site choisi a été la place du Jeu de Balle, lieu emblématique de Bruxelles.
Temps 2.
Semaine
Arts and Crafts
03/2024
Un temps de partage a permis de revenir sur ce qui a été mis en œuvre par Cécile Barraud de Lagerie pendant le workshop et de rendre compte du travail collectif, par Manon Badillo-Collart, étudiante SITU. Ensuite, le groupe formé d’étudiant·e·s et enseignant·e·s est également allé sur la place du Jeu de Balle pour expérimenter le relevé de couleurs in-situ.
Les méthodes développées sont donc principalement issues du domaine du textile et d’une pratique de coloriste industrielle mais elles font également écho aux travaux suivants :
-
La nomenclature des couleurs de Werner, Syme. Charles DARWIN
Comparer. De l’impossibilité de décrire précisément la couleur et les outils qui en découlent ?En 1831, Darwin embarque sur le navire de la Royal Navy, le HMS Beagle, pour un voyage scientifique de 5 ans pendant lequel il collectera roches, insectes, animaux et plantes. Il expédiera régulièrement les spécimens à Cambridge, mais les nuances peuvent changer et pâlir, il lui a donc fallu trouver un code pour archiver les couleurs de ce monde inconnu. Pour cela, il s’est aidé d’un document intitulé “Werner’s Nomenclature of Colours” publié par l’artiste Syme. Grâce à ce nuancier, Darwin peut décrire une seiche « rouge hyacinthe et brun châtaigne » et ainsi se faire comprendre. Un critique qualifiera Darwin de « peintre de premier ordre de paysages à l’écrit ».
-
La Géographie de la couleur.
Dominique et Jean-Philippe LENCLOS
Contretyper. Comment la couleur permet une compréhension et une analyse de l’espace ?Dans les années 1980, Dominique et Jean-Philippe Lenclos entament une grande recherche sur les couleurs constitutives de l’espace architectural. Cette enquête importante et rigoureuse, qui durera plus de 40 ans, traitera d’abord du territoire français, puis européen et partiellement mondial. Ils mettront peu à peu au point une méthode qu’ils appellent « géographie de la couleur » basée notamment sur des inventaires, un contretypage et une synthétisation des relevés dont la rigueur et la pertinence de l’analyse marquera durablement les praticiens de la couleur dans le domaine de l’espace public.
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ARN : Atlas des Régions Naturelles.
Nelly MONNIER et Eric TABUCHI
Classer. Comment la couleur constitue-t-elle le paysage ?Au travers de ce grand projet intitulé ARN : Atlas des Régions Naturelles, qui prend à la fois la forme d’exposition, d’éditions et d’un site internet, Nelly Monnier et Eric Tabuchi arpentent, photographient et archivent l’architecture vernaculaire et les paysages du territoire français depuis 2010. Leur classement est organisé selon des critères variés et aussi larges, précis ou abstraits que : couleur, forme, région, cadrage, type d’aménagement, année de construction, saison, signalétique, type d’activité, de paysage, de style etc.

Bifurcations pédagogiques|Bifurquer, du textile à l’espace : Arpentage et cartographie de la couleur
© Georgia Papoutsi
Autour de la Feedback session en ISAC : un format discursif pour feedforwarder les pratiques performatifs
Krystel Khoury
Le cursus Espace Urbain ISAC de l’ArBA-EsA place la question des corps au cœur de son espace. Le corps est à la fois objet et sujet de réflexion. Ainsi, l’approche pédagogique menée en ISAC vise à considérer le terme « chorégraphie » dans un sens multiple et élargi, comme une expérience de mobilisation des sens et de création de visions autres du monde et de leurs compréhensions. Celle-ci amène à considérer les échelles de perception.
Afin de pouvoir articuler collectivement des « retours » - sans faire revenir l’apprenant·e·s sur ces pas - sur des travaux en cours ou des pratiques artistiques en tenant compte à la fois des subjectivités créatives de chacun·e et des modes de transmission singuliers expérimenté, opérer des « bifurcations » permet aux apprenant·e·s de continuer le développement de leur travail à partir de la manière dont celui-ci a été reçu.
En ce sens, ISAC active durant l’année des bifurcations pédagogiques comme autant de formats expérimentaux avec les étudiant·e·s dont une s’appuyant sur la Feedback Session. Ces formats ont tous un dénominateur commun, un fil rouge. Elles s’appuient sur l’idée de la rencontre : celle de l’artiste avec un regard extérieur et celles sans jugement de regards extérieurs avec des objets artistiques en cours de formation. Ces rencontres avec les travaux performatifs sont ainsi à chaque fois renouvelées.
Nous aimons penser ces formats comme des outils à partager entre les étudiant·e·s, plus que des méthodes figées dans le temps. Des formats discursives, ludiques et sérieux à la fois qui permettent aux étudiant·e·s de pratiquer différentes façons de voir un travail et d’articuler leurs pensées en se positionnant à chaque fois dans une perspective différente. Plus ils sont pratiqués, plus les étudiant·e·s ressentent le besoin de les questionner en les affinant et en les adaptant. Il en va de même pour la méthode de la Feedback session emprunté à la DasArts, département de théâtre de l’université d’Amsterdam et que nous concevons et pratiquons en ISAC en tant que Feedforward session, nourrir les travaux pour faire évoluer ou transformer les pratiques artistiques. Il s’agit d’une séance de retour collectif qui propose un protocole spécifique comme exercice à la fois de prise de parole et d’écoute.
Celle-ci a été développée à partir du constat que les configurations de groupe empêchent souvent les échanges critiques d’avoir un effet d’apprentissage stimulant car il s’agit de gérer différents points de vue sur un même travail souvent interdisciplinaire dans le contexte des arts performatifs. Des perceptions qui souhaitent être échangé durant une même session, alors que dans les échanges individuels, les personnes peuvent opter pour des conversations informelles, des interviews ou d’autres stratégies.
Ainsi l’objectif principal de ces sessions – situations est de : donner du pouvoir à l’artiste qui reçoit un retour sur son travail, aller au-delà des formules de jugements (j’aime / je n’aime pas), partager une critique fondamentale, générer un sentiment de responsabilité de la part des participant·e·s dans un souci de précision et de clarté envers l’artiste et, enfin, accroître le plaisir de donner et de recevoir un retour constructif.
Les règles du jeu
Participation à un atelier de transmission préparé par un·e apprenant·e (l’artiste).
DURÉE MAXIMUM : 1h30 ou présentation d’un travail en cours (20’).
DURÉE TOTALE : 30 min.
Suivi d’une Feedforward Session.
DURÉE : environ 1h – 1h15 en fonction du nombre de participant·e·s.
Il y a un·e « modérateur·ice » ou un·e « présentateur·ice » (l’artiste qui présente son travail) et un groupe de feedforwarders.
LA·E MODÉRATEUR·ICE EST ACTIF·VE ET ACCOMPAGNE :
Il/elle peut intervenir pour demander de reformuler certains commentaires et est gardien·ne du temps. Respecter le facteur temps est important même si frustrant des fois. Il permet cependant de formuler de façon précise.
Il/elle prend note des feedforward sur un document préparer à l’avance.
Il/elle ne peut pas parler la plupart du temps car occupé·e à prendre note : durant la session, la majeure partie du travail est effectuée par le groupe.
Protocole à suivre
PREMIERES IMPRESSIONS : L’artiste quitte l’espace, le groupe échange en duo pour se débarrasser de leurs premières impressions (5’).
AFFIRMATIVE FEEDBACK : les participant·e·s donnent un feedback affirmatif en utilisant une seule phrase structurée selon la formule suivante « ce qui a fonctionné pour moi, c’est… » : « ce qui a marché pour moi, c’est… » (10’). Ici, pour éviter les répétitions inutiles des mêmes commentaires, les participant·e·s disent « + 1 » lorsqu’il·elle est d’accord avec les commentaires des autres et le·a modérateur·ice note le nombre total de +1
PERSPECTIVES : les personnes qui donnent un feedback utilisent une seule phrase structurée selon la formule suivante : « en tant que … j’ai besoin de … » (les perspectives que vous choisissez peuvent être très diverses et même fictives: « en tant que tapis de danse/dramaturge/visiteur·ice de mars/activiste social/etc. ») (10’).
QUESTIONS OUVERTES : les personnes qui donnent leur avis posent des questions auxquelles il est impossible de répondre par un « oui » ou un « non ». (5’).
RÉFLEXION SUR LES CONCEPT : sur de petits post-it, les participant·e·s écrivent quelques concepts qui, pour elles·eux, se rapportent au travail. La·le modérateur·ice les passe à l’artiste qui les place à l’intérieur ou à l’extérieur d’un cercle prédessiné ou le mot « pratique » est au centre. L’artiste démontre ainsi le placement de ces concepts par rapport à sa pratique : quels concepts, selon son propre point de vue, sont liés à l’œuvre. Quels sont les concepts qui, selon lui, se rapportent à l’œuvre, et quels sont ceux qui ne s’y rapportent pas. Une cartographie est créée. (10’) L’artiste choisit ensuite un concept et demande aux personnes qui les ont écrit d’expliquer pourquoi puis s’exprime lui-même sur son choix. (5’).
DISCUSSION OUVERTE : l’artiste participe à cette discussion, qui peut être basée sur ce qui a été dit précédemment. (10’). Durant celle-ci, les participant·e·s peuvent partager leurs connaissances et leurs expériences avec l’artiste en lui donnant des conseils et des astuces et parler librement du travail.
LETTRE PERSONNELLE : les participant·e·s sont invité·e·s à s’exprimer par écrit sous forme de lettre de ce qu’il ou elle souhaite partager individuellement avec l’artiste et qu’il ou elle ne souhaite pas partager avec le reste du groupe. (10’) (ou après, bien sûr, par e-mail). Les notes et les lettres sont ensuite remises à l’artiste qui les prend pour continuer de travailler.

Bifurcations pédagogiques|Feedbacksession
© Clémence Detroy
On the Salmon Contemporary
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Retranscription de l’interview de Daniel Blanga Gubbay réalisé par Lydie Laville
Bonjour Daniel
Bonjour
Donc, tu es invité dans cette interview radio dans le cadre de la semaine Arts & Crafts : est-ce que tu peux nous expliquer comment ta proposition se déploie, et le titre de cette proposition ?
Le titre est Contemporary Salmon, et l’idée était d’ouvrir publiquement un cours – une sorte d’école collective – que j’ai mené ici à l’Académie et spécifiquement à l’ISAC depuis plusieurs années; ce ne serait pas une présentation, mais l’ouverture publique d’une pratique qui a lieu régulièrement chaque mercredi après-midi, avec le groupe de participants et participantes dans la formation ISAC. C’est une proposition qui est née en 2019, une « école fictive » ou une « école expérimentale », qui puisse mêler la théorie et la pratique (c’est quelque chose qui était toujours très présent en ISAC, ne pas voir les deux aspects séparément, mais savoir que la pratique artistique est toujours une manière de penser, et la théorie est en soit aussi une pratique). Je peux la décrire si vous voulez à partir du nom, Contemporary Salmon.
Oui merci.
Le nom Contemporary Salmon vient d’un très beau texte d’Anne-Françoise Schmid, dans lequel elle évoque la manière dont dans la Modernité occidentale –et spécifiquement dans l’épistémologie, la manière de connaître – on regarde toujours les objets à travers le filtre d’une discipline spécifique (J’utilise ici le terme objet de façon très large, cela peut être un objet physique, un phénomène, une personne, une performance). Si je prends par exemple un poisson, un saumon dans mes mains, pour l’analyser, je peux l’observer du point de vue de la biologie, ou de la zoologie; ou je peux l’observer du point de la bioéthique pour voir s’il est modifié ou pas, ou du point de vue du commerce international. Mais chaque discipline à travers laquelle je le regarde va déjà influencer les réponses que je vais obtenir en de cet objet; en quelque manière, je parle déjà à sa place parce que, à travers le filtre de la discipline, j’oriente les réponses possibles, je suggère ce que je veux trouver. Donc elle pose la question : et si on regardait ce poisson comme un objet x, contemporain dans le sens d’un objet qu’on rencontre pour la toute première fois dans notre vie, sans savoir sous quelle discipline on doit l’observer. Ce qu’elle suggère c’est un effort spéculatif dans lequel on est complètement démuni des disciplines : une situation qui nous pousse à l’observer non pas pour confirmer ce qu’on pense savoir de cet objet, mais plutôt pour écouter ce que cet objet pourrait nous dire si on n’avait aucune idée de la discipline à travers laquelle pouvoir le regarder. C’est donc à travers cette réflexion que le nom Contemporary Salmon est né, comme première invitation à inventer collectivement un parcours pour regarder les objets –encore une fois, dans un sens très large– comme si on les rencontrait pour la toute première fois, et c’est ce qu’on fait dans la Contemporary Salmon. Pour cela le projet a un sous-titre, a school of gaze, car il s’agit d’apprendre –ou désapprendre – à regarder.
Comment se déroule la Contemporary Salmon ?
Chaque semaine il y a un moment de lecture collective. C’est maintenant la cinquième année qu’on fait ce parcours ensemble et on a parcouru différents textes : on a commencé par le texte d’Anne-Françoise Schmid, puis on est passé par le droit à l’opacité d’Edouard Glissant, ou Against Interpretation de Susan Sontag, le Queer Use de Sara Ahmed, ou encore récemment un texte de Alina Popa… chaque texte prend normalement plusieurs semaines. Ce sont des textes que je sélectionne et propose pour nourrir nos réflexions, qui nous aident surtout à créer un lexique en commun en tant que groupe, pouvoir trouver ensemble les termes pour parler de cette expérimentation.
Le deuxième moment fondamental de chaque cours est la présentation d’un objet, il s’agit dans ce cas d’un objet performatif. Chaque semaine un·e participant·e présente un objet performatif de cinq minutes, suite à quoi il y a un protocole –structuré à travers cinq questions– qui nous aide à le regarder comme si on ne connaissait pas la notion de performance ou de création artistique. Donc la question n’est pas, c’était comment ? mais plutôt, c’était quoi cet objet ? C’est un protocole qui s’est défini dans les temps; un exercice qu’on fait, et qu’on doit faire, chaque semaine parce que c’est assez complexe d’apprendre à regarder ces objets sans les confiner immédiatement à l’intérieur de la catégorie dominante à travers laquelle ils sont normalement analysés.
Que ressort de cette pratique d’observation ?
Si j’utilise le lexique qu’on a développé dans le cours, on peut dire qu’il y a toujours un écart entre la vie et la biographie : chaque vie est composée d’infinies biographies possibles, et en écrivant une biographie on est juste en train de tracer une manière spécifique de raconter cette vie. De la même manière chaque objet a une vie très riche, inscrite dans sa matérialité; dès qu’on détermine la discipline à travers laquelle le regarder on est en train déjà d’écrire sa biographie, raconter ce que cet objet signifie pour nous, en invisibilisant tous les autres narratifs qui sont aussi cachés dans l’objet, sous le narratif dominant. Pour s’entraîner, de temps en temps, on fait le même exercice avec des objets physiques. Par exemple, là, regardons mon téléphone portable en face de moi. Je peux immédiatement reconnaître la fonction (biographie) de cet objet, qui est un téléphone. Mais si on essaye de le regarder comme si on n’avait pas la notion de téléphone, qu’est-ce que cet objet pourrait être ? Quelles sont les histoires possibles cachées dans sa matérialité ? Le protocole est donc un exercice fictif pour oublier le narratif dominant, non-pour le nier complètement, mais pour permettre de faire surgir toutes les autres voix qui sont présentes dans le même objet et qu’on ne peut normalement pas entendre, parce que la voix dominante est trop forte.s.
Est ce que tu arriverais à situer cette réflexion dans le cadre de Arts & Crafts ?
Pour moi, il y a beaucoup de craft de la pensée : cette école est née en la faisant, le protocole s’est aussi transformé en le faisant (on a un document en ligne, collectivement géré dans lequel on modifie ce protocole, on l’améliore en le faisant, on est maintenant à la cinquième année de pratique). C’est pour cette raison que je disais au début que ce n’est jamais une question de présentation, mais toujours de pratique, parce que la théorie est une pratique : une pratique qui transforme notre manière de penser en pensant. C’est quelque chose qui reste essentiel de la Contemporary Salmon : le côté expérimental n’est pas simplement lié au contenu, mais au fait de se dire qu’on est toujours dans une étape provisoire, toujours à l’écoute, pas uniquement des objets mais de notre méthode aussi.
Merci beaucoup.
Merci à vous.

Conférence|Call me by your name
© Clémence Detroy

Activités transversales|Coudre. Conter. Collectif
© Clémence Detroy/Mia Brena

Activités transversales|Bibliothèque artistique focus Arts & Crafts
© Clémence Detroy

Pop-up|Dodécachromie
© Clémence Detroy

Dérive(s)|Emporter le site
© Clémence Detroy
Semaine de workshops
à l’ESADSE
25-29
03/24
Karim Ghaddab, professeur d’histoire et théorie
des arts ESADSE. Romain Mathieu, professeur d’histoire
de l’art ESADSE
La semaine s’est construite à partir de l’idée d’une bifurcation par rapport à l’organisation habituelle de l’école. En effet, l’organisation de l’école repose sur des ateliers techniques (bois, métal, céramique) de très bonne qualité et distincts, à la fois dans les espaces architecturaux et dans la pédagogie, des enseignements des professeurs, qu’ils soient théoriciens, artistes ou designers. Nous avons cherché à construire la semaine de workshop à partir des ateliers techniques et avec des projets portés à la fois par les techniciens et les enseignants.
D’autre part, la semaine de Saint-Étienne a aussi été l’occasion de développer et d’acquérir de nouvelles pratiques. Ainsi le développement du tufting durant cette semaine s’inscrit dans une volonté de donner accès sur le long terme aux étudiants à une pratique textile. L’atelier de bijoux a permis d’initier une pratique qui n’existait pas à Saint-Etienne auparavant. Enfin, avec cette semaine de workshop, la pratique de la lithographie - qui avait existé des années auparavant mais qui avait été interrompue - a été relancée.
Ces trois pratiques - textile, bijou, lithographie - ont fait l’objet d’un investissement sur un temps long.
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Lithographie : Formation d’une enseignante encadrante, rénovation de la presse lithographique, échange et préparation avec les écoles partenaires pratiquant la lithographie (En particulier ArBA et l’Université des Beaux Arts de Porto).
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Textile : recrutement d’une enseignante spécialisée dans l’art textile, acquisition de matériel…
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Bijou : formation de deux enseignantes et d’un groupe d’étudiants aux Meilleurs Ouvriers de France (MOF), acquisition de matériel (voir Infra).
La semaine de workshop a été véritablement un moment d’intensification afin d’inscrire ces pratiques dans la pédagogie.
Liste des ateliers :
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Tufting
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Batik
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Peinture sur paravent
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Photographie primitive (sténopés)
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Bijoux
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Emaux
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Lithographie
Liste des conférences :
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Tim Ingold: Digitization and Fingerwork
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Sophie Lefèvre: Jean Vendome, artiste et artisan
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Michael Woolworth: Sous pression à Saint-Etienne - 40 ans d’éditions d’art et de collaborations avec les artistes
Une exposition des travaux fut ensuite organisée à l’occasion des Journées Européennes des Métiers d’Art.
Enfin, cette semaine, qui était la dernière du programme, a permis de prolonger et réunir les expérimentations pédagogiques qui avaient eu lieu au préalable, lors des différents séjours dans les écoles partenaires, tout au long du projet Arts & Crafts Aujourd’hui. Ces expériences pédagogiques ont conduit à concevoir la semaine selon trois axes :
Communauté des pratiques art/design
À l’origine du projet Arts & Crafts, aujourd’hui se trouvait, entre autres, la volonté de faire dialoguer étroitement art et design, ainsi que l’avaient fait les acteurs historiques du mouvement anglais. S’appuyant sur l’histoire économique, culturelle et sociale de Saint-Étienne (le bassin minier, les industries lourdes, la Manufacture d’armes, Manufrance, l’essor du design depuis une vingtaine d’années…), le programme pédagogique de l’ESADSE repose sur un écosystème particulier qui fait que l’enseignement et la pratique de l’art et du design y sont étroitement mêlés et se stimulent l’un l’autre. Arts & Crafts, aujourd’hui a donc été l’occasion de mettre à l’épreuve cette proximité et cette différence entre les deux disciplines.
Très concrètement, la totalité des workshops a ainsi entrelacé des formes et/ou des techniques qui circulent à la frontière de l’art et du design, vivifiant les deux champs, à l’encontre d’une conception trop étroite qui ne verrait dans l’art que des pratiques qui négligent la production d’objets et dans le design des objets strictement utilitaires pour lesquels le coefficient d’art se limiterait à une forme enjolivée, supposée séduire le marché. Par exemple, la production de paravents ou de bijoux est généralement associée au design, mais c’est oublier qu’ils ont été explorés par nombre d’artistes. De même, bien qu’elles soient issues des arts appliqués, des techniques spécifiques comme les émaux de Longwy, la lithographie ou le tufting sont aujourd’hui utilisées par de nombreux artistes. Enfin, on constate des collaborations, des modèles de production et des types d’objets qui, sans effacer les identités et les spécificités, brouillent les frontières entre art et design.
Communauté des apprentissages
Les workshops ont également été pensés pour redistribuer les relations d’apprentissage. Du fait du programme lui-même, les savoirs techniques et la maîtrise des outils se sont trouvés au centre. De ce fait, les techniciens et assistants d’enseignement ont été moteurs dans la conception des workshops et se sont trouvés au cœur de cinq ateliers (sur sept), en binôme avec un professeur ou en autonomie complète. L’un des ateliers a même été pensé et mené par un étudiant (Loïc Bonche, doctorant en art, en co-tutelle avec l’ESADSE et l’UQAM). Ce brassage des attributions et compétences usuellement très marquées par la nomenclature des écoles d’art (Professeur d’enseignement artistique/assistant d’enseignement/technicien/étudiant) s’est révélé doublement profitable, les professeurs (notamment pour les disciplines théoriques) ayant pu mettre « la main à la pâte » (selon les principes pédagogiques d’expérimentation et d’investigation énoncés par Georges Charpak, prix Nobel de physique et Tim Ingold, anthropologue) et les praticiens ayant pu mettre leur expertise au centre du processus pédagogique. C’est une conception cumulative des différences et non une recherche du plus petit dénominateur commun, laquelle conduirait à ignorer les différences ‒ considérées comme irréductibles et incompatibles ‒ pour ne conserver que quelques points communs supposés faire consensus. Le modèle obsolète du couple binaire sachant/apprenant a ainsi pu être dialectisé, non pas en minorant l’intérêt et la pertinence des savoirs, mais au contraire en élargissant les définitions et la portée de ceux-ci : il n’y a plus un savoir unique face à une ignorance, mais une multiplicité de compétences diverses qui circulent dans l’ensemble de la communauté éducative.
Communauté des cultures
Les ateliers ont été organisés pour permettre des rencontres entre étudiants, mais aussi entre enseignants et techniciens des différentes écoles. Grâce à une inscription en amont de la semaine, les étudiants ont pu être également répartis dans les différents ateliers. Surtout, les projets d’atelier ont été présentés dès leur conception aux enseignants des autres écoles qui ont été ainsi invité à participer et à nourrir de leur propres approches ces ateliers. Par exemple, l’atelier de céramique a impliqué des enseignants de Porto et Tétouan. Construit autour de l’émaillage et des motifs avec un technique particulière qui est celle des émaux de Longwy, l’atelier s’est enrichi des approches et des pratiques de Susana Piteira (Porto) et de Amine Asselman (Tétouan). Réunis autour d’une pratique d’atelier, les encadrants ont également mis en œuvre un dialogue entre des traditions différentes - le zellige, les azulejos - qui sont venues alimenter une production commune. L’atelier est devenu un temps de croisements et de rencontres.
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Sandrine Binoux
Atelier photographie primitive
L’idée de cette semaine de workshop Arts & Craft était de bousculer notre pédagogie habituelle en prenant comme point de départ les ateliers techniques de notre établissement. L’idée sous-jacente était de s’appuyer sur l’ensemble des ressources de notre école et d’associer les compétences de chacun d’entre nous qui constituons ce vivier; étudiants, techniciens et enseignants; sur le principe de l’horizontalité. Nous avons donc imaginé des approches plastiques plus concrètes ce qui nous a permis de mettre en place des protocoles pédagogiques beaucoup plus actifs.
Il s’agissait de comprendre que certaines techniques nécessitent du temps de mise en œuvre et obligent à une économie de moyen afin de revenir aux sources du médium. S’obliger parfois à prendre des risques en pratiquant hors de son champ de référence et ainsi travailler plus sur l’expérience que le résultat.
Concernant plus particulièrement l’atelier photographie, nous avons souhaité cheminer à nouveau dans les voies artisanales qu’empruntaient les pictorialistes, à la fin du XIXe siècle.
Il était question de permettre aux participants de s’impliquer dans tout le processus de la création d’une image, de la construction de son appareil photo, à la prise de vue, jusqu’au tirage. On a travaillé à une photographie dite primitive : surexposition, flou de bouger, décadrage, salissures… L’idée était de renouer avec la matérialité de l‘image à contre-courant de l’image numérique, de l’image flux éphémère qui s’échange dans la seconde mais se perd ensuite dans les méandres d’un cloud. Loin de la « fast-photographie », ici la notion du temps photographique a été revisitée.
Cette importance du temps, impliquée par l’utilisation d’appareils archaïques, est plus qu’une mécanique de production, il permet de saisir la temporalité d’une image en tenant compte de l’avant et de l’après du geste photographique.
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Cécile Van der Haegen
Atelier Tufting
L’objectif de cette semaine d’atelier Arts & Craft était de « révolutionner » notre approche pédagogique en partant des techniques artisanales de notre établissement. Nous avons cherché à exploiter pleinement les ressources de notre école en associant les compétences de tous les acteurs, qu’il s’agisse d’étudiants, de techniciens ou d’enseignants, dans un esprit d’horizontalité. Cette démarche nous a conduit à envisager des pratiques plastiques plus tangibles, ce qui a permis d’instaurer des protocoles pédagogiques beaucoup plus dynamiques.
Nous avons ainsi pris conscience que certaines techniques exigent du temps et requièrent une certaine économie de moyens pour revenir aux fondamentaux du médium. Nous nous sommes parfois risqués à sortir de notre zone de confort pour expérimenter au-delà de nos références habituelles, mettant l’accent sur l’expérience plutôt que sur le résultat final…
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Elen Gavillet
Designer, enseignante esadse /master objet.
Atelier céramique, émaillage
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Marie-Aurore
Stiker-Metral Designer, enseignante esadse /master objet.
Atelier bijoux
Le workshop Bijoux, dans l’atelier de Fonderie animé par Kristýna Spanihelová, en Octobre 2023 à Bratislava a été notre première expérience dans le programme Arts&Craft. Cet échange a nourri nos pratiques de designer et donc celles d’enseignante-praticiennes.
Nous avons travaillé à Rona Gallery, sur un pied d’égalité entre enseignants et étudiants, mêlant ainsi nos regards de créateurs respectifs. Nous avons également perçu l’intérêt d’une réflexion interdisciplinaire, mêlant art et design, théorie et pratique.
Nous avons pu nous familiariser avec différentes techniques (verre à chaud, verre au chalumeau, moule en sable et coulage du laiton ou de l’étain) et faire des ponts entre ces différentes techniques.
Cette formule nous a inspiré pour construire les workshops que nous voulions proposer à St-Étienne, au mois de mars suivant.
À notre retour, la direction de l’ESADSE nous a fait bénéficier, avec quelques étudiants, d’une formation animée par les Meilleurs Ouvriers de France (MOF) pour perfectionner nos connaissances en fabrication de bijoux. Nous avons pu expérimenter des techniques différentes de celles découvertes à Bratislava et comprendre en quoi elles pouvaient être complémentaires. C’était un premier jalon pour transférer ces apprentissages à l’ESADSE.
Cette initiative a aussi participé à renforcer le parc machine de l’école en outils dédiés aux bijoux, ce qui est nécessaire pour faire vivre ce savoir-faire dans nos mains et dans nos murs. Bertrand Mathevet, de l’atelier métal, soutenu par l’école a pu investir dans ce matériel qui a contribué à la réussite de l’atelier animé par Marie-Aurore Stiker-Metral lors de la semaine Arts & Crafts de mars 2024 à St-Étienne.
Ces compétences et outils nouvellement acquis nous permettront d’accompagner les étudiants dans des champs d’expériences plus vastes. En parallèle Vincent Rivory (atelier céramique) et Elen Gavillet souhaitaient faire inviter Coralie Marchal, cheffe d’atelier de la manufacture des Émaux de Longwy, une maison experte de pose de décor en émail cloisonné sur faïence.
Le programme Arts&Crafts a permis d’organiser sa venue et de transmettre aux étudiants les savoir-faire d’une entreprise qui a plus de 200 ans d’expérience.
Pour que ce workshop fonctionne nous avons adapté nos ateliers aux techniques de la manufacture des Émaux de Longwy, et préparé en amont des outils et des pièces pour répondre à notre ambition : celle de faire de l’émail cloisonné dans nos ateliers avec nos moyens; de créer un pont entre les savoir-faire de la manufacture et les capacités techniques d’une école.
L’organisation de ces ateliers nous a amené à travailler en équipe de manière décalée par rapport à nos habitudes. Ce programme a aussi permis de nouvelles collaborations au sein de notre établissement : les mentions Art et Design se sont mélangées en travaillant dans les mêmes ateliers, les enseignants ont travaillé en étroite collaboration avec les techniciens qui ont été associés largement en amont, les praticiens des écoles invités ont présentés leurs travaux aux étudiants, et les étudiants ont découvert de nouvelles techniques artisanales qui influencent leur projet d’école et de diplôme.
Cette expérience a permis d’inclure les membres de la scolarité dans ce vaste projet, et à certains de s’essayer même à des pratiques artisanales.
Les collaborations humaines qu’il a fallu mettre en place pour réaliser cette expérience nous ont montré une nouvelle façon de « faire école ».
Le processus pédagogique
de la bifurcation
Romain Mathieu
La diversité des pratiques
Le programme Arts and Crafts s’est inscrit progressivement dans le quotidien de l’ESADSE, avec une pédagogie qui a pu être nourrie par les semaines de workshops dans les écoles partenaires mais également par la préparation de notre propre semaine qui a demandé un investissement sur le long terme.
Sur le plan pédagogique, la semaine à Montréal au printemps 2023 a été très enrichissante. Le séminaire de Master que nous organisons à l’ESADSE, qui est un séminaire théorique, s’est librement inspiré de la méthode de lecture mise en œuvre à Montréal par Mario Coté. Les textes en rapport avec Arts and Crafts aujourd’hui, notamment les écrits de William Morris, ont été abordé avec les étudiants selon une approche qu’on pourrait qualifier de matérielle, avec une proposition de découpage par fragments que chacun s’approprie individuellement avant de reconstituer l’unité textuelle par une discussion commune.
À Bratislava, les enseignantes Marie-Aurore Sticker Metral et Elen Gavillet ont pu travailler à la fabrique de verre Rona en collaboration avec les enseignants des écoles partenaires et aussi avec une horizontalité, au sein de l’atelier, entre enseignants et étudiants, tous réunis pour une pratique commune, à savoir le verre. Cette expérience a nourri la préparation de la semaine à l’école mais aussi des moments de pédagogie en atelier.
L’idée prospective qui en résulte est d’avoir dans l’année des moments où enseignants, techniciens et étudiants se retrouvent autour d’un « faire », dans un moment de production où se développe cette horizontalité.
Dans la logique du programme Arts and Crafts aujourd’hui, la volonté de diversifier les pratiques proposées aux étudiants, de les introduire à différents savoir faire techniques et d’étoffer leurs compétences, a conduit à organiser en janvier un workshop sur la fonte à la cire perdue avec Fabien Barrero Carsenat, designer et ancien diplomé de l’ESADSE. Ce workshop a permis à 10 étudiants d’art et de design de se familiariser avec les techniques de la fonte et d’appréhender les possibilité plastique de cette pratique.
L’atelier Bijoux pendant la semaine de workshops à l’ESADSE s’est inscrit dans une dynamique de long terme.
Marie Aurore Sticker Metral et Elen Gavillet ont d’abord pu participer à l’atelier Bijoux organisé par Kristýna Španihelová à Bratislava en octobre 2023. Par la suite, elles ont bénéficié d’une Formation aux Meilleurs Ouvriers de France (MOF) avec plusieurs étudiants dans la perspective de transférer ces apprentissages à l’école. Bertrand Mathevet, de l’atelier métal, soutenu par l’école a pu investir dans le matériel nécessaire à la pratique de ce savoir faire dans l’école.
La pratique textile, absente de l’ESADSE il y a quelques années, a été développée progressivement, tout d’abord au gré de workshop et puis avec la volonté de l’inscrire de manière pérenne dans le cursus des étudiants. La semaine Arts and Crafts aujourd’hui à l’ESADSE a été une étape importante de cette pérennisation. L’acquisition d’outils à l’occasion de cette semaine permet la mise en place d’une pratique régulière au sein de l’école. L’enseignante qui a organisé l’atelier, Cécile Van Der Haegen, a été confortée dans son enseignement avec un nombre d’heures adapté et une possibilité d’associer étudiants en art et en design, ce qui diffère de la division habituelle des parcours.
De même la lithographie avait disparu de l’ESADSE, alors qu’elle avait été présente par le passé. Ici aussi, il s’est agi de se doter des outils, notamment en restaurant la presse. Les échanges avec les écoles de Porto et de Bruxelles ont permis à l’enseignante responsable et à un groupe d’étudiants de s’initier aux différentes techniques de la lithographie selon les écoles mais aussi les traditions spécifiques à ces différents lieux. Si la semaine Arts and Crafts aujourd’hui a marqué la réouverture de cette pratique à Saint Étienne, il y a eu un processus pédagogique associant étudiants et encadrants qui a permis de réinscrire cette pratique dans l’école de manière pérenne.