Sédimentations

A central tenet of the “Arts and Crafts Today” project was the unique contribution of each participating school, offering specialized technologies and topics that provided a rich tapestry of educational experiences. This diversity was key to the project’s pedagogical enrichment: 

  • Bratislava: The Academy of Fine Arts and Design (AFAD) brought to the forefront its expertise in glass and jewelry, allowing participants to immerse themselves in the transformative qualities of these materials and the intricate craftsmanship they require. 

  • Brussels: Strong in lithography and textiles, Brussels offered a deep dive into these traditional techniques, providing students with the opportunity to explore the nuanced processes of printmaking and fabric arts. 

  • Saint-Étienne: Boasting a variety of workshops, Saint-Étienne encouraged an exploration of materiality and the sensory experience of art, fostering an environment where experimentation and interdisciplinarity was not just encouraged but celebrated. 

  • Porto: Marked by its rich ceramic tradition, particularly the art of azulejos allowed participents to delve into the traditional technique and its potential for contemporary innovation and storytelling. 

  • Morocco: Provided impulses related to pottery, ornament, traditional crafts, and their social/antropologcal context, enriching the curriculum with a cultural and historical perspective that deepened the understanding of art’s place in society. 

  • Canada: Contributed intercultural inputs, broadening the scope of the project by integrating diverse cultural narratives and artistic expressions, which enhanced the global dialogue within the arts community. 

This approach diversified the pedagogical methods but also created a network of shared knowledge and resources that could be tapped into long after the project’s conclusion. It set a precedent for future collaborations, where the unique strengths of each institution could be leveraged to create a more holistic and inclusive arts education landscape. 

  • Theoretical base for craft: The project’s multinational tapestry prompted art theorists to delve deeper into the multifaceted notion of craft. As they engaged with the term’s varied interpretations in the participating countries, it became evident that “craft” transcended its traditional boundaries, encompassing a spectrum of meanings from meticulous handiwork to symbolic cultural expressions. These reflections led to enriching dialogues with students of art theory and crafts, where the semantic layers of craft were unraveled. In classrooms and symposiums, the term was dissected and reassembled, revealing how each country’s unique heritage and contemporary practices imbue craft with distinct identities. This ongoing discourse not only broadened the theoretical foundations of the students but also highlighted the importance of context in understanding and appreciating the full scope of artisanal work. Through these conversations, craft emerged not just as a technical skill but as a conceptual bridge connecting history, culture, and innovation. 

  • Exhibition tour: The exhibition of works from the “Arts and Crafts Today” workshop, meticulously designed by AFAD’s Space Department students, was reinstalled as a featured presentation during Bratislava Design Week (6. – 10.12. 2023, Bratislava City Gallery). This prestigious event provided a broader platform for the public to engage with the innovative outcomes of the workshop, further emphasizing the pedagogical intensity and creative exploration that characterized the project.

The exhibition’s journey did not end there. It found a new home in a Gallery and cultural center in Kokava nad Rimavicou (22. 6. 2024), where it continued to captivate audiences. This reinstallation in a different context allowed for a renewed appreciation of the works, highlighting the versatility and adaptability of craft in various exhibition settings. 
These exhibitions served not only as a celebration of the participants’ work and creativity but also as an extension of the educational experience, allowing the artists to receive feedback and gain exposure in the art world. It was an affirmation of the skills and concepts developed during the workshop and a testament to the importance of sharing art with a wider community.

Le projet A&Ca trouve ses origines dans un projet appelé French Theory, qui a réuni pendant trois années consécutives des membres des équipes pédagogiques de l’UQÀM, de l’ESADE de Saint-Étienne, de l’ArBA-EsA de Bruxelles ainsi que des Beaux-Arts de Sousse. Initié en 2015 à l’ESADSE avec les « French Theories » et suivi en 2016 par une semaine de recherche intitulée « This is not only French Theory, Pensez-vous Français », le programme s’est achevé en 2018 à l’UQÀM avec « L’impensé Radical ». Ces recherches, menées conjointement entre les écoles partenaires, ont permis de partager et d’éprouver des méthodologies de travail et de développer un langage et des attentions communs.

Cette base préhistorique de A&Ca a ensuite été suivie de longs moments de réflexion autour de la mise en place du projet et de la recherche de la reconnaissance européenne. Ces temps de travail, complexes car en pleine crise COVID, ont été rendu possible grâce à la base commune s’appuyant sur des échanges, des rencontres, des partages de pratiques et des temps de recherche préalables.

Le projet Arts & Crafts, aujourd’hui aborde des questions de recherche création nouvelles. Il s’inscrit dans des territoires en mutation voire en redéfinition. À l’ArBA-EsA, les questions liées au faire et aux pratiques techniques n’ont jamais été évincées. Elles sont demeurées intégrées à la pratique artistique et aux pratiques pédagogiques, les points de rencontre entre formes techniques et formes artistiques et la conjonction des gestes ont été conservés au cœur des ateliers, même si les fins recherchées étaient distinctes.

Lors de la mise en place du projet, le parti pris de l’articulation théorie-pratique, A.D.N. de l’école, a été conservé. Notre approche consistait à reprendre les questions par le biais du faire, des objets et des gestes. Il ne s’agissait pas simplement de revaloriser des savoirs perdus, mais plutôt de réinventer et de reconsidérer les rapports de mémoire et de transmission en inversant les hiérarchies établies : porter une attention aux gestes, aux techniques à l’œuvre dans l’école, et ainsi questionner et enrichir les formes artistiques, reconsidérer les rapports hiérarchiques classiques entre artistes et artisan·e·s, entre étudiant·e·s et enseignant·e·s en révélant un tissu d’échanges dense et fertile.
L’objectif était d’ouvrir l’école et de mieux appréhender sa capacité à innover dans les zones créatives tout en continuant de lier les questions critiques et épistémologiques et en investiguant les pratiques artistiques dans un champ élargi.

La mise en place du projet a été accompagnée par trois semaines de partage en 2020, 2021 et 2022, des semaines de recherche activées dans l’école pour les étudiant·e·s de master et le grand public. Ces semaines alliaient des temps réflexifs (conférences, rencontres, échanges) et des temps pratiques (ateliers, plateformes). Petit à petit, il s’agissait de se donner des éléments réflexifs en vue de recevoir et de partager le projet Arts & Crafts, aujourd’hui.

Lors de ces semaines, de nombreux intervenant·e·s issus des mondes de l’art et de la pratique nous ont accompagné·e·s dans notre réflexion et nos échanges. Par exemple, Jean-Christophe Bailly avec la conférence « Réflexions sur l’objet : De la rareté à l’invasion. Résistance de la singularité » en 2021 et Pauline M’Barek avec la conférence « Des choses qui fuient » en 2022.

En parallèle, des réflexions et la transmission sur les spécificités en termes de savoirs techniques ont été mises en œuvre : un atelier nomade de fonderie* mené par Alexis Remacle, un atelier nomade de lithographie mené par Cyril Bihain** et engagé en partenariat avec FBAUP et ESADSE, ainsi qu’une revalorisation et une ouverture des questions liées au design textile, à la tapisserie et aux arts textiles.

Au fur et à mesure des semaines intensives proposées par les écoles partenaires, et au fur et à mesure des rencontres et des partages de contextes et de gestes, l’école a nourri ses pratiques et sa réflexion. FBAUP a articulé la céramique et l’art contemporain, INBA a contribué à l’articulation du territoire et du craft à travers la céramique en mettant en avant les potentialités innovantes de son école, l’UQÀM a questionné les matérialités de l’art, les disciplines et les formes pédagogiques, et VŠVU a permis la jonction avec un cadre industriel dédié à la pratique du verre. ESADSE a souhaité revenir à des crafts très spécifiques en permettant des actualisations singulières. Chaque école/faculté, en formulant sa proposition, a engagé une reconfiguration des questions et des propositions de recherche.

Au cours du projet, nous avons également continué à expérimenter et à faire évoluer des techniques pédagogiques innovantes telles que les sessions de feedback et le Contemporary Salmon. Ensuite, afin de préparer la semaine Arts & Crafts, l’ArBA-EsA a mis en place en 2023 des modules dédiés à la question du faire, des techniques et des gestes, en se concentrant davantage sur le craft mais toujours dans un contexte élargi (expanded field). Ainsi, plusieurs modules ont été proposés et des zones d’expérimentation ont été mises en pratique par les étudiant·e·s, leur permettant d’appréhender différemment les questions du craft et de les sensibiliser davantage à certaines propositions liées au vivre-ensemble et à l’écoresponsabilité.

En conclusion, le projet A&Ca est le fruit d’une collaboration entre différentes écoles d’art et facultés qui ont partagé des méthodologies de travail et développé un langage commun. Il aborde des questions de recherche création nouvelle et cherche à réinventer les rapports entre théorie et pratique, artistes et artisan·ne·s, étudiant·e·s et enseignant·e·s. Le projet a été accompagné par des semaines de partage mêlant réflexion et pratique, ainsi que par des ateliers et des rencontres avec des intervenant·e·s spécialisé·e·s. Le projet a mis en lumière la position nodale de ces institutions en tant que réservoir de pratique et de pensée, en tant que laboratoire d’expérimentation et en tant qu’incubateur permettant d’envisager les défis futurs en termes de création et de résilience. Au fil du temps, les écoles partenaires ont enrichi leurs pratiques et leur réflexion, en explorant les spécificités des différentes techniques et en repensant les approches pédagogiques. Le projet vise à ouvrir de nouvelles perspectives créatives tout en restant ancré dans les enjeux critiques et épistémologiques actuels.


* La Fonderie
« Le projet de fonderie pédagogique » « Vestale », proposé par Alexis Remacle, professeur en Sculpture, est conçu comme une « valise pédagogique » et a d’abord été itinérant pendant 10 ans, se montant et se démontant comme un chapiteau de cirque sur les différents lieux de stage. »

Avec ce projet, des étudiant·e·s de nombreuses écoles de Belgique et de France ont eu accès à l’ensemble de ce processus complexe qu’est la fonderie. « Vestale » donne l’opportunité d’expérimenter de l’intérieur les outils de la fonderie d’art au travers de la cire perdue et du moulage au sable. Les étudiant·e·s du Master en Sculpture ont eu l’occasion d’expérimenter cet outil lors de l’année académique 2023-2024.

Pour la semaine Arts & Crafts, aujourd’hui, la fonderie au sable s’est réactivée grâce à ces étudiant·e·s, avec l’objectif de permettre de découvrir cette pratique dans une expérience immersive intense.

Alexis Remacle

Dérive(s)|Fonderie au sable 

© Clémence Detroy/Mia Brena

Dérive(s)|Fonderie au sable 

© Clémence Detroy/Mia Brena

Dérive(s)|Fonderie au sable 

© Clémence Detroy/Mia Brena


** Atelier Nomade
Dans le cadre du projet Arts & Crafts, la lithographie, pratique issue de plusieurs siècles d’expérience, est aujourd’hui au coeur de certains questionnements liés à la fabrique de l’image, au multiple et à la transmission.Perçu trop souvent comme lourde (au regard des pierres traditionnelles), FBAUP, ArBA-EsA et ESADSE proposent une approche nomade, s’inscrivant dans une logique collaborative de recherche empirique et solidaire.Les Stéphanois endosseront le costume de novice, alors que les Bruxellois, autodidactes engagés profondément dans la pratique peuvent constituer nos repères de permanence, tous invités au nomadisme par les Portuenses et leurs recherches archéotechnologiques. La composante virtuelle sera activée afin de préparer et nourrir les mobilités. L’échange d’expérience autour des pratiques expérimentales de la lithographie sont essentielles pour l’apprentissage et se feront en partie à distance, avant, pendant et après le voyage.Saint-Etienne, il s’agit également de réactiver la presse lithographique, à l’école depuis 100 ans avec une pratique parcellaire.Cette mobilité a pour intérêt de prolonger la formation de l’enseignant·e et de réamorcer une pratique régulière des étudiant·e·s, après une remise n état complète réalisée en septembre 2023. Partager les outils et connaissances techniques nécessaires au processus lithographique et à la réalisation de la forme finale.Créer un noyau d’étudiant·e·s, un groupe formé de trois parties qui participe au projet pendant tout son cheminement.Amener les étudiant·e·s à réfléchir sur le projet même et développer une thématique ou synergie en écho au projet Arts & Crafts. Travailler dans une dimension collective et dans la volonté d’un projet commun. 

Cyril Bihain

Dérive(s)|Atelier Nomade

© Clémence Detroy/Mia Brena

Communauté

Les six écoles partenaires sont porteuses d’histoires et de traditions spécifiques qui ne donnent pas exactement la même place aux différentes pratiques artistiques. Par exemple, Montréal témoigne d’une attention aiguë aux questions décoloniales et en particulier à la représentation des cultures autochtones ; Bratislava prend en charge un héritage à la fois populaire et industriel, notamment pour le travail du verre ; Bruxelles suit une pédagogie structurée selon des ateliers de pratiques (sculpture, peinture, photographie, etc.) choisis par les étudiants dès la première année, et l’école a ainsi maintenu des apprentissages techniques très largement délaissés ailleurs et qui deviennent désormais très recherchés, en particulier le tissage et les arts textiles ; Porto met l’accent sur la circulation entre les médias traditionnels et les innovations techniques (matériaux nouveaux, informatique, internet, etc.) ; Tétouan allie de manière remarquable une pratique d’excellence et des programmes sociaux d’insertion et de développement (vers des publics en situation de fragilité, vers les arts traditionnels, vers les femmes, vers le tourisme compris comme ressource et visibilité…).

Toutes ces situations spécifiques ont pu dialoguer de manière productive tout au long du programme Arts & Crafts, aujourd’hui et se mettre à l’épreuve de la production collaborative à l’occasion du workshop de Saint-Étienne. Bien évidemment, il ne s’agissait donc pas de faire prévaloir un modèle sur les autres, mais de mettre en œuvre la circulation, l’échange, le métissage, en tirant richesse et expérience de toutes les situations.