Située au centre-ville de Porto, la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Porto (FBAUP) est une institution de référence dans l’enseignement, la recherche, la production et le partage de la culture dans les domaines de l’Art et du Design. Avec un univers d’environ un millier d’étudiants, elle offre un large éventail de cours de Licence, Master et Doctorat dans les domaines des Arts Plastiques, du Design, des Études d’Art, du Dessin et de l’Éducation Artistique, ainsi que des cours de spécialisation et de formation tout au long de la vie. La FBAUP propose un éventail de formations dans des domaines tels que la Céramique, les Textiles Construits, le Vitrail, la Mosaïque, la Lithographie, la Pierre, le Bois, la Xylogravure, la Peinture, la Sculpture, entre autres domaines liés au territoire des Arts & Crafts. La recherche se développe dans deux centres de recherche : l’Institut de Recherche en Art, Design et Société (i2ADS) et l’Institut de Recherche en Design, Média et Culture (ID+).

Azulejo A&CA
© Domingos Loureiro

La semaine d’activités Arts & Crafts, coordonnée par la Faculté des Beaux-Arts de l’Université de Porto, s’est déroulée du 31 janvier au 4 février 2022 entre Porto et Aveiro. Elle s’est concentrée sur l’artisanat régional portugais, avec un accent particulier sur la céramique et le verre. Elle a inclus un atelier de céramique où les participants ont peint des azulejos traditionnels et ont appris sur le patrimoine des azulejos portugais. Le programme comprenait des visites à l’usine Vista Alegre, à la XVe Biennale Internationale de Céramique Artistique d’Aveiro, au Musée du Vitrail de Porto et à la collection de l’atelier Antunes, actif entre 1906 et 2022. Sous la direction de Teresa Almeida, la production de vitraux a été démontrée.

Des archives architecturales de la Mairie de Porto, qui préservent des matériaux pour la restauration de bâtiments historiques, ont été visitées. Réalisée pendant le confinement partiel de la Covid-19, la semaine a compté avec la présence de partenaires européens et, à distance, de partenaires du Québec et de Tétouan. La semaine était destinée aux enseignants et techniciens, promouvant la discussion, l’apprentissage et l’échange de connaissances, en reliant le passé à la contemporanéité.

Un séminaire sur l’artisanat régional de Porto a eu lieu, avec des communications sur les projets « Wisdom Transfer » et la Biennale Contextile. Des expositions à la FBAUP dédiées à la gravure et à la peinture ont également été visitées.

Session de travail

© Domingos Loureiro

L’école des arts visuels et médiatiques de l’UQAM fait partie intégrante de la Faculté des arts qui regroupe aussi les études en danse, design, histoire de l’art, littérature, musique et théâtre. La Faculté des arts, reconnue comme l’une des plus importantes au Canada, est située au cœur du Quartier latin de Montréal, ville qui figure parmi les meilleures villes universitaires au monde selon le classement QS Best Student Cities. La Faculté joue un rôle de premier plan dans la vie intellectuelle et culturelle de Montréal, tout en participant au rayonnement international de celle-ci.

L’École a pour mandat de renouveler et de transmettre, au sein de la société québécoise, la vitalité des savoirs émergents de la pratique de l’art et de la pensée sur l’art. Ce mandat s’incarne à tous les cycles universitaires, depuis les programmes de certificat, de baccalauréat et de maîtrise en arts visuels et médiatiques, jusqu’au programme de doctorat en Études et pratiques des arts. Le programme de doctorat (créé en 1997) a été le premier programme de doctorat au Canada. Conjuguant les savoirs et les savoir-faire, ces programmes prennent la forme d’activités de création, de recherche et d’enseignement dans des champs de pratique aussi diversifiés que les arts d’impression, l’art performance, l’art sonore, l’art vidéo, l’art dans la communauté, le dessin, l’image de synthèse, l’interactivité, la peinture, la photographie, la robotique, la sculpture, ainsi que la didactique et la psychopédagogie. Reflet des mutations du milieu de l’art, les étudiant.e.s sont invités à orienter ces pratiques suivant les problématiques matérielles, plastiques, technologiques, sociopolitiques ou identitaires qui les guident, puis à les inscrire dans divers milieux par des expositions, des stages professionnels ou d’autres formes d’intervention publique. Notre but est de permettre aux étudiant.e.s de développer une pratique autonome et une réflexion critique sur leurs réalisations. Ainsi, l’École des arts visuels et médiatiques accueille annuellement des étudiants.es dans son programme de certificat et de baccalauréat (équivalent du Lycée en Europe et du High School Diploma aux États-Unis), son programme de maîtrise en création et en éducation (Master).

L’esprit collégial et les compétences variées et complémentaires du corps professoral de l’École (artistes de différentes disciplines et approches, pédagogues, didacticien·nes, historiens·es de l’art), des chargé·es de cours et du personnel de soutien technique et de bureau contribuent au dynamisme qui caractérise l’École des arts visuels et médiatiques. Sur le plan technique, l’École dispose d’une impressionnante infrastructure et de nombreux ateliers spécialisés permettant le travail du métal, du bois, de la céramique, de la robotique, du montage vidéo et audio, des techniques d’impression de l’image et de l’objet 3D, du moulage et du façonnage : cette ressource exceptionnelle est reconnue dans tout le Canada. À des fins d’exposition et d’expérimentation, l’École met également à la disposition des étudiantes et étudiants de la maîtrise un espace de galerie interdisciplinaire, le CDEx, qui a pignon sur rue en plein centre-ville de Montréal.

Enfin, mentionnons la création de la Chaire de recherche canadienne UQAM pour le développement de pratiques innovantes en art, culture et mieux-être, dirigée par Mona Trudel, chercheure et pédagogue à L’ÉAVM. Et MÉDIANE. Chaire de recherche du Canada en arts, écotechnologies de pratique et changements climatiques, dirigée par Gisèle Trudel, artiste et professeur à l’ÉAVM.

En conclusion, une école où la recherche-création et la pédagogie témoignent d’une vision actuelle et novatrice de l’art.

Matérialité des engagements
et donner corps à la recherche en art

22-27
05/23

La conjoncture nord-américaine marquée par l’intérêt artistique grandissant pour les pratiques artisanales ou, ce que l’on nomme au Québec, les métiers d’art (le Conseil québécois des métiers d’art du Québec, CMAQ, existe depuis 30 ans), nous permet d’envisager notre apport sous deux angles. Celui de la « Matérialité des engagements » qui se développent dans les milieux des artisans professionnels, des artistes contemporains et des enseignants des arts.  Celui d’une volonté de « Donner corps à la recherche en art », par une rencontre entre recherche et création dans une approche transversale et une ouverture au grand public. Ainsi envisageons-nous cette École d’été Arts and Crafts / Aujourd’hui comme une semaine d’activités exploratoires collectives entre savoir-faire et savoir-être, en dehors de toute hiérarchie et de tout espace normatif.

Ce retour à la matérialité visant l’engagement dans l’apprentissage, par la matière, par le geste et par des cohabitations multiples, nous situe dans une démarche éthique et une responsabilité endossée quant aux questions sociales et politiques actuelles. Ces expérimentations se veulent dans un esprit « d’écologie des pratiques engageantes » afin de proposer des avenues nouvelles et innovatrices dans nos enseignements et de montrer comment la pratique de l’art peut servir de lien entre le geste de création et l’engagement dans l’action.

Trois événements publics ont marqué la semaine :

  1. 1

    GRANDE CONFÉRENCE
    « Matérialité des engagements » le 23 mai à la Cinémathèque québécoise en présence de l’historien de l’art Romain Mathieu, des artistes Wanda Koop et Pierre Dorion, sous la médiation de l’artiste Michèle Magema

  2. 2

    TABLE RONDE
    « Donner corps à la recherche en art » le 24 mai à la Cinémathèque québécoise avec la participation des artiste Loïc Bonche, Cécile Ronc, Faye Mullen, Tucker Kapp, Yanik Potvin et du commissaire et éducateur au Centre PHI, Daniel Fiset, sous la médiation de l’historienne de l’art et commissaire d’exposition 
Anne-Marie Ninacs

  3. 3

    PRÉSENTATION PERFORMATIVE ET SONORE
    à la Fondation Grantham (Saint-Edmond-de-Grantham, région Centre-du-Québec) le 27 mai du groupe de recherche MÉDIANE. Chaire de recherche du Canada en arts, écotechnologies de pratique et changements climatiques par Gisèle Trudel et Stéphane Claude

    Les objectifs de l’École d’été* de l’UQAM à Montréal visent à créer une semaine d’activités exploratoires :

    • Hors cadre académique

    • Non hiérarchiques dans le rapport entre les personnes enseignantes et étudiantes

    • et, d’approche expérimentale

    Nous souhaitons envisager de nouvelles pistes dans nos enseignements respectifs et vouloir travailler dans des avenues nouvelles, voire innovatrices. De plus, le thème de la « matérialité des engagements » et de ses liens avec les questions sociales et politiques actuelles est au cœur de ces espaces de travail que nous nommons « zones d’apprentissage ». À cette étape, nous suggérons des propositions de travail collectif qui sont offertes aux participants et auxquelles tous les collègues professeurs et étudiants des autres écoles d’art peuvent contribuer, mais aussi modifier, bonifier ou transformer. Déjà, les personnes enseignantes et étudiantes ont commencé à planifier des échanges avec les participants des écoles européennes.

    Avec le thème de « donner corps à la recherche », une priorité sera mise sur le recrutement des personnes étudiantes des trois niveaux d’études (baccalauréat [au Canada], licence, maîtrise ou doctorat) et des collègues enseignants qui seront invités à s’engager concrètement à prendre part à l’événement. De plus, la participation aux activités pourra se faire en amont afin de se familiariser sur le plan pédagogique avec les expérimentations qui se dérouleront dans un esprit « d’écologie des pratiques engageantes ». Enfin, il est utile de rappeler que cette École d’été inédite s’inscrit en continuité avec les activités pédagogiques développées dans le cadre des ateliers et séminaires autour du thème des French Theories à Saint-Étienne (2015), Bruxelles (2016), Montréal (2018) et Sousse (2019) et des retombées qu’elles ont eues par la suite sur nos enseignements. Sans oublier les nouvelles amorces de travail de collaboration initiées par les écoles d’art de Porto (2021) et Tétouan (2022).

    * Dans les universités et les écoles d’art au Canada, le terme « école d’été » est employé pour identifier les activités académiques qui se tiennent durant la session d’été, soit de la fin mai à la fin juin.

Semaine de workshops
à l’ESADSE 

25-29
03/24

Karim Ghaddab, professeur d’histoire et théorie
des arts ESADSE. Romain Mathieu, professeur d’histoire
de l’art ESADSE

La semaine s’est construite à partir de l’idée d’une bifurcation par rapport à l’organisation habituelle de l’école. En effet, l’organisation de l’école repose sur des ateliers techniques (bois, métal, céramique) de très bonne qualité et distincts, à la fois dans les espaces architecturaux et dans la pédagogie, des enseignements des professeurs, qu’ils soient théoriciens, artistes ou designers. Nous avons cherché à construire la semaine de workshop à partir des ateliers techniques et avec des projets portés à la fois par les techniciens et les enseignants.

D’autre part, la semaine de Saint-Étienne a aussi été l’occasion de développer et d’acquérir de nouvelles pratiques. Ainsi le développement du tufting durant cette semaine s’inscrit dans une volonté de donner accès sur le long terme aux étudiants à une pratique textile. L’atelier de bijoux a permis d’initier une pratique qui n’existait pas à Saint-Etienne auparavant. Enfin, avec cette semaine de workshop, la pratique de la lithographie - qui avait existé des années auparavant mais qui avait été interrompue - a été relancée.

Ces trois pratiques - textile, bijou, lithographie - ont fait l’objet d’un investissement sur un temps long.

  • Lithographie : Formation d’une enseignante encadrante, rénovation de la presse lithographique, échange et préparation avec les écoles partenaires pratiquant la lithographie (En particulier ArBA et l’Université des Beaux Arts de Porto).

  • Textile : recrutement d’une enseignante spécialisée dans l’art textile, acquisition de matériel…

  • Bijou : formation de deux enseignantes et d’un groupe d’étudiants aux Meilleurs Ouvriers de France (MOF), acquisition de matériel (voir Infra).

La semaine de workshop a été véritablement un moment d’intensification afin d’inscrire ces pratiques dans la pédagogie.

Liste des ateliers :

  • Tufting

  • Batik

  • Peinture sur paravent

  • Photographie primitive (sténopés)

  • Bijoux

  • Emaux

  • Lithographie

Liste des conférences :

  • Tim Ingold: Digitization and Fingerwork

  • Sophie Lefèvre: Jean Vendome, artiste et artisan

  • Michael Woolworth: Sous pression à Saint-Etienne - 40 ans d’éditions d’art et de collaborations avec les artistes

Une exposition des travaux fut ensuite organisée à l’occasion des Journées Européennes des Métiers d’Art.

Enfin, cette semaine, qui était la dernière du programme, a permis de prolonger et réunir les expérimentations pédagogiques qui avaient eu lieu au préalable, lors des différents séjours dans les écoles partenaires, tout au long du projet Arts & Crafts Aujourd’hui. Ces expériences pédagogiques ont conduit à concevoir la semaine selon trois axes :

Communauté des pratiques art/design

À l’origine du projet Arts & Crafts, aujourd’hui se trouvait, entre autres, la volonté de faire dialoguer étroitement art et design, ainsi que l’avaient fait les acteurs historiques du mouvement anglais. S’appuyant sur l’histoire économique, culturelle et sociale de Saint-Étienne (le bassin minier, les industries lourdes, la Manufacture d’armes, Manufrance, l’essor du design depuis une vingtaine d’années…), le programme pédagogique de l’ESADSE repose sur un écosystème particulier qui fait que l’enseignement et la pratique de l’art et du design y sont étroitement mêlés et se stimulent l’un l’autre. Arts & Crafts, aujourd’hui a donc été l’occasion de mettre à l’épreuve cette proximité et cette différence entre les deux disciplines.

Très concrètement, la totalité des workshops a ainsi entrelacé des formes et/ou des techniques qui circulent à la frontière de l’art et du design, vivifiant les deux champs, à l’encontre d’une conception trop étroite qui ne verrait dans l’art que des pratiques qui négligent la production d’objets et dans le design des objets strictement utilitaires pour lesquels le coefficient d’art se limiterait à une forme enjolivée, supposée séduire le marché. Par exemple, la production de paravents ou de bijoux est généralement associée au design, mais c’est oublier qu’ils ont été explorés par nombre d’artistes. De même, bien qu’elles soient issues des arts appliqués, des techniques spécifiques comme les émaux de Longwy, la lithographie ou le tufting sont aujourd’hui utilisées par de nombreux artistes. Enfin, on constate des collaborations, des modèles de production et des types d’objets qui, sans effacer les identités et les spécificités, brouillent les frontières entre art et design.

Communauté des apprentissages

Les workshops ont également été pensés pour redistribuer les relations d’apprentissage. Du fait du programme lui-même, les savoirs techniques et la maîtrise des outils se sont trouvés au centre. De ce fait, les techniciens et assistants d’enseignement ont été moteurs dans la conception des workshops et se sont trouvés au cœur de cinq ateliers (sur sept), en binôme avec un professeur ou en autonomie complète. L’un des ateliers a même été pensé et mené par un étudiant (Loïc Bonche, doctorant en art, en co-tutelle avec l’ESADSE et l’UQAM). Ce brassage des attributions et compétences usuellement très marquées par la nomenclature des écoles d’art (Professeur d’enseignement artistique/assistant d’enseignement/technicien/étudiant) s’est révélé doublement profitable, les professeurs (notamment pour les disciplines théoriques) ayant pu mettre « la main à la pâte » (selon les principes pédagogiques d’expérimentation et d’investigation énoncés par Georges Charpak, prix Nobel de physique et Tim Ingold, anthropologue) et les praticiens ayant pu mettre leur expertise au centre du processus pédagogique. C’est une conception cumulative des différences et non une recherche du plus petit dénominateur commun, laquelle conduirait à ignorer les différences ‒ considérées comme irréductibles et incompatibles ‒ pour ne conserver que quelques points communs supposés faire consensus. Le modèle obsolète du couple binaire sachant/apprenant a ainsi pu être dialectisé, non pas en minorant l’intérêt et la pertinence des savoirs, mais au contraire en élargissant les définitions et la portée de ceux-ci : il n’y a plus un savoir unique face à une ignorance, mais une multiplicité de compétences diverses qui circulent dans l’ensemble de la communauté éducative.

Communauté des cultures

Les ateliers ont été organisés pour permettre des rencontres entre étudiants, mais aussi entre enseignants et techniciens des différentes écoles. Grâce à une inscription en amont de la semaine, les étudiants ont pu être également répartis dans les différents ateliers. Surtout, les projets d’atelier ont été présentés dès leur conception aux enseignants des autres écoles qui ont été ainsi invité à participer et à nourrir de leur propres approches ces ateliers. Par exemple, l’atelier de céramique a impliqué des enseignants de Porto et Tétouan. Construit autour de l’émaillage et des motifs avec un technique particulière qui est celle des émaux de Longwy, l’atelier s’est enrichi des approches et des pratiques de Susana Piteira (Porto) et de Amine Asselman (Tétouan). Réunis autour d’une pratique d’atelier, les encadrants ont également mis en œuvre un dialogue entre des traditions différentes - le zellige, les azulejos - qui sont venues alimenter une production commune. L’atelier est devenu un temps de croisements et de rencontres.

  • Sandrine Binoux

    Atelier photographie primitive

L’idée de cette semaine de workshop Arts & Craft était de bousculer notre pédagogie habituelle en prenant comme point de départ les ateliers techniques de notre établissement. L’idée sous-jacente était de s’appuyer sur l’ensemble des ressources de notre école et d’associer les compétences de chacun d’entre nous qui constituons ce vivier; étudiants, techniciens et enseignants; sur le principe de l’horizontalité. Nous avons donc imaginé des approches plastiques plus concrètes ce qui nous a permis de mettre en place des protocoles pédagogiques beaucoup plus actifs.

Il s’agissait de comprendre que certaines techniques nécessitent du temps de mise en œuvre et obligent à une économie de moyen afin de revenir aux sources du médium. S’obliger parfois à prendre des risques en pratiquant hors de son champ de référence et ainsi travailler plus sur l’expérience que le résultat.

Concernant plus particulièrement l’atelier photographie, nous avons souhaité cheminer à nouveau dans les voies artisanales qu’empruntaient les pictorialistes, à la fin du XIXe siècle.

Il était question de permettre aux participants de s’impliquer dans tout le processus de la création d’une image, de la construction de son appareil photo, à la prise de vue, jusqu’au tirage. On a travaillé à une photographie dite primitive : surexposition, flou de bouger, décadrage, salissures… L’idée était de renouer avec la matérialité de l‘image à contre-courant de l’image numérique, de l’image flux éphémère qui s’échange dans la seconde mais se perd ensuite dans les méandres d’un cloud. Loin de la « fast-photographie », ici la notion du temps photographique a été revisitée.

Cette importance du temps, impliquée par l’utilisation d’appareils archaïques, est plus qu’une mécanique de production, il permet de saisir la temporalité d’une image en tenant compte de l’avant et de l’après du geste photographique.

  • Cécile Van der Haegen

    Atelier Tufting

L’objectif de cette semaine d’atelier Arts & Craft était de « révolutionner » notre approche pédagogique en partant des techniques artisanales de notre établissement. Nous avons cherché à exploiter pleinement les ressources de notre école en associant les compétences de tous les acteurs, qu’il s’agisse d’étudiants, de techniciens ou d’enseignants, dans un esprit d’horizontalité. Cette démarche nous a conduit à envisager des pratiques plastiques plus tangibles, ce qui a permis d’instaurer des protocoles pédagogiques beaucoup plus dynamiques.

Nous avons ainsi pris conscience que certaines techniques exigent du temps et requièrent une certaine économie de moyens pour revenir aux fondamentaux du médium. Nous nous sommes parfois risqués à sortir de notre zone de confort pour expérimenter au-delà de nos références habituelles, mettant l’accent sur l’expérience plutôt que sur le résultat final…

  • Elen Gavillet

    Designer, enseignante esadse /master objet.

    Atelier céramique, émaillage

  • Marie-Aurore

    Stiker-Metral
Designer, enseignante esadse /master objet.


    Atelier bijoux

Le workshop Bijoux, dans l’atelier de Fonderie animé par Kristýna Spanihelová, en Octobre 2023 à Bratislava a été notre première expérience dans le programme Arts&Craft. Cet échange a nourri nos pratiques de designer et donc celles d’enseignante-praticiennes.

Nous avons travaillé à Rona Gallery, sur un pied d’égalité entre enseignants et étudiants, mêlant ainsi nos regards de créateurs respectifs. Nous avons également perçu l’intérêt d’une réflexion interdisciplinaire, mêlant art et design, théorie et pratique.

Nous avons pu nous familiariser avec différentes techniques (verre à chaud, verre au chalumeau, moule en sable et coulage du laiton ou de l’étain) et faire des ponts entre ces différentes techniques.

Cette formule nous a inspiré pour construire les workshops que nous voulions proposer à St-Étienne, au mois de mars suivant.

À notre retour, la direction de l’ESADSE nous a fait bénéficier, avec quelques étudiants, d’une formation animée par les Meilleurs Ouvriers de France (MOF) pour perfectionner nos connaissances en fabrication de bijoux. Nous avons pu expérimenter des techniques différentes de celles découvertes à Bratislava et comprendre en quoi elles pouvaient être complémentaires. C’était un premier jalon pour transférer ces apprentissages à l’ESADSE.

Cette initiative a aussi participé à renforcer le parc machine de l’école en outils dédiés aux bijoux, ce qui est nécessaire pour faire vivre ce savoir-faire dans nos mains et dans nos murs. Bertrand Mathevet, de l’atelier métal, soutenu par l’école a pu investir dans ce matériel qui a contribué à la réussite de l’atelier animé par Marie-Aurore Stiker-Metral lors de la semaine Arts & Crafts de mars 2024 à St-Étienne.

Ces compétences et outils nouvellement acquis nous permettront d’accompagner les étudiants dans des champs d’expériences plus vastes. En parallèle Vincent Rivory (atelier céramique) et Elen Gavillet souhaitaient faire inviter Coralie Marchal, cheffe d’atelier de la manufacture des Émaux de Longwy, une maison experte de pose de décor en émail cloisonné sur faïence.

Le programme Arts&Crafts a permis d’organiser sa venue et de transmettre aux étudiants les savoir-faire d’une entreprise qui a plus de 200 ans d’expérience.

Pour que ce workshop fonctionne nous avons adapté nos ateliers aux techniques de la manufacture des Émaux de Longwy, et préparé en amont des outils et des pièces pour répondre à notre ambition : celle de faire de l’émail cloisonné dans nos ateliers avec nos moyens; de créer un pont entre les savoir-faire de la manufacture et les capacités techniques d’une école.

L’organisation de ces ateliers nous a amené à travailler en équipe de manière décalée par rapport à nos habitudes. Ce programme a aussi permis de nouvelles collaborations au sein de notre établissement : les mentions Art et Design se sont mélangées en travaillant dans les mêmes ateliers, les enseignants ont travaillé en étroite collaboration avec les techniciens qui ont été associés largement en amont, les praticiens des écoles invités ont présentés leurs travaux aux étudiants, et les étudiants ont découvert de nouvelles techniques artisanales qui influencent leur projet d’école et de diplôme.

Cette expérience a permis d’inclure les membres de la scolarité dans ce vaste projet, et à certains de s’essayer même à des pratiques artisanales.

Les collaborations humaines qu’il a fallu mettre en place pour réaliser cette expérience nous ont montré une nouvelle façon de « faire école ».

Le processus pédagogique
de la bifurcation

Romain Mathieu

La diversité des pratiques

Le programme Arts and Crafts s’est inscrit progressivement dans le quotidien de l’ESADSE, avec une pédagogie qui a pu être nourrie par les semaines de workshops dans les écoles partenaires mais également par la préparation de notre propre semaine qui a demandé un investissement sur le long terme.

Sur le plan pédagogique, la semaine à Montréal au printemps 2023 a été très enrichissante. Le séminaire de Master que nous organisons à l’ESADSE, qui est un séminaire théorique, s’est librement inspiré de la méthode de lecture mise en œuvre à Montréal par Mario Coté. Les textes en rapport avec Arts and Crafts aujourd’hui, notamment les écrits de William Morris, ont été abordé avec les étudiants selon une approche qu’on pourrait qualifier de matérielle, avec une proposition de découpage par fragments que chacun s’approprie individuellement avant de reconstituer l’unité textuelle par une discussion commune.

À Bratislava, les enseignantes Marie-Aurore Sticker Metral et Elen Gavillet ont pu travailler à la fabrique de verre Rona en collaboration avec les enseignants des écoles partenaires et aussi avec une horizontalité, au sein de l’atelier, entre enseignants et étudiants, tous réunis pour une pratique commune, à savoir le verre. Cette expérience a nourri la préparation de la semaine à l’école mais aussi des moments de pédagogie en atelier.

L’idée prospective qui en résulte est d’avoir dans l’année des moments où enseignants, techniciens et étudiants se retrouvent autour d’un « faire », dans un moment de production où se développe cette horizontalité.

Dans la logique du programme Arts and Crafts aujourd’hui, la volonté de diversifier les pratiques proposées aux étudiants, de les introduire à différents savoir faire techniques et d’étoffer leurs compétences, a conduit à organiser en janvier un workshop sur la fonte à la cire perdue avec Fabien Barrero Carsenat, designer et ancien diplomé de l’ESADSE. Ce workshop a permis à 10 étudiants d’art et de design de se familiariser avec les techniques de la fonte et d’appréhender les possibilité plastique de cette pratique.

L’atelier Bijoux pendant la semaine de workshops à l’ESADSE s’est inscrit dans une dynamique de long terme.

Marie Aurore Sticker Metral et Elen Gavillet ont d’abord pu participer à l’atelier Bijoux organisé par Kristýna Španihelová à Bratislava en octobre 2023. Par la suite, elles ont bénéficié d’une Formation aux Meilleurs Ouvriers de France (MOF) avec plusieurs étudiants dans la perspective de transférer ces apprentissages à l’école. Bertrand Mathevet, de l’atelier métal, soutenu par l’école a pu investir dans le matériel nécessaire à la pratique de ce savoir faire dans l’école.

La pratique textile, absente de l’ESADSE il y a quelques années, a été développée progressivement, tout d’abord au gré de workshop et puis avec la volonté de l’inscrire de manière pérenne dans le cursus des étudiants. La semaine Arts and Crafts aujourd’hui à l’ESADSE a été une étape importante de cette pérennisation. L’acquisition d’outils à l’occasion de cette semaine permet la mise en place d’une pratique régulière au sein de l’école. L’enseignante qui a organisé l’atelier, Cécile Van Der Haegen, a été confortée dans son enseignement avec un nombre d’heures adapté et une possibilité d’associer étudiants en art et en design, ce qui diffère de la division habituelle des parcours.

De même la lithographie avait disparu de l’ESADSE, alors qu’elle avait été présente par le passé. Ici aussi, il s’est agi de se doter des outils, notamment en restaurant la presse. Les échanges avec les écoles de Porto et de Bruxelles ont permis à l’enseignante responsable et à un groupe d’étudiants de s’initier aux différentes techniques de la lithographie selon les écoles mais aussi les traditions spécifiques à ces différents lieux. Si la semaine Arts and Crafts aujourd’hui a marqué la réouverture de cette pratique à Saint Étienne, il y a eu un processus pédagogique associant étudiants et encadrants qui a permis de réinscrire cette pratique dans l’école de manière pérenne.

Le projet Arts & Crafts, aujourd’hui est le fruit de la collaboration et de l’engagement de nombreuses personnes.

Au sein de l’ArBA-EsA, le projet a été porté par :
Enzo Pezzella, coordinateur artistique,
et Daphné de Hemptinne, directrice

Ce projet a bénéficié de l’implication
de toute une équipe, dont :
Alice Finichiu, enseignante
Clémence Detroy, chargée de mission
Christophe Carbonnery, graphiste
Dana Trama, juriste
Daphné Tellier, alumni
Mia Brena Minetti, alumni
et bien d’autres encore, y compris le Conseil des étudiant·e·s de l’ArBA-EsA.

Nous exprimons notre profonde gratitude envers tou·te·s les enseignant·e·s et étudiant·e·s et alumni qui ont contribué à ce projet par leurs idées, leur patience, leur implication et leur générosité. Leur travail a permis de recueillir toute une série de propositions et de les mettre en action, que ce soit pour les dérives, les pop-up craft, les bifurcations pédagogiques ou les projets transversaux. Nous tenons également à remercier chaleureusement les conférencier·ère·s qui ont accepté de venir partager leur expertise et leur expérience, ainsi que tou·te·s celles et ceux qui ont répondu à nos invitations, nous accordant ainsi leur confiance.

Merci également à :
Marie Pantanacce, directrice adjointe
Clémence Bellisson, curatrice invitée
Mathias Sauvey et au PPP
Matthias De Jonghe
Lydie Laville et Mario Ferretti
Zoé Follis, Georgia Papoutsi
et Thomas Lambert
Yuna Denis, coordinatrice Erasmus

Merci à toute la communauté de l’ArBA-EsA, pour son engagement et son attention au projet.

Nous remercions très vivement tous les partenaires du projet qui nous ont accompagnés, encouragés ou inspirés.

Nous adressons nos remerciements au Programme Erasmus + pour son financement crucial du projet Arts & Crafts, aujourd’hui, attribué dans le cadre strict de l’action clé « Partenariats de coopération ».

À la Ville de Bruxelles et plus particulièrement au département de l’Instruction Publique.

Enfin, nous tenons à remercier Marine et Mathilde Klug pour nous avoir suivi dans ce projet et de nous avoir insufflé une nouvelle énergie pour la réalisation de ce Web-to-print.

Design graphique
Mmonokl

Développement web
Vivien Kaufinger

Mise en page avec Kirby et Paged.js

Fonts
Homoneta par Quentin Lamouroux de la collective Bye Bye Binary,
Etemono par Raphaël Bastide, Apfel Grotezk par Luigi Gorlero, Fira code par Nikita Prokopov

Images de trames aléatoires
Stochaster